L’UltraFan serait-il voué à être rangé au placard ? Dans un entretien accordé au Financial Times en début de semaine, Warren East, le directeur général de Rolls-Royce, a indiqué que les essais du programme de démonstrateur seraient menés à leur terme mais qu’il sera par la suite mis en suspens en attendant le lancement d’un nouveau programme d’avion.
« Nous avons la ferme intention d’aller au bout de la phase dans laquelle nous nous trouvons en ce moment, qui est de créer et tester notre démonstrateur. Là, nous laisserons les choses en suspens. Je ne peux pas forcer les avionneurs à inventer de nouveaux avions et s’il n’y a pas de demande pour ces avions, il n’y a pas de demande pour des moteurs », a-t-il expliqué au journal.
Le secteur traverse en effet une période difficile avec la pandémie de covid-19 et ses conséquences sur la filière aéronautique, qui devrait peser durant plusieurs années. Les gros-porteurs, déjà en perte de vitesse avant que n’éclate la crise, voient la demande s’affaiblir encore pour les prochaines années. Or c’est notamment ce marché que vise Rolls-Royce avec l’UltraFan.
Ce programme rassemble plusieurs innovations, en tête desquelles l’intégration d’un réducteur, qui permet de limiter la dépendance du fan et des parties chaudes donc d’optimiser les performances de chaque. Il comprend également des aubes de soufflante en carbone titane (CTi), un carter en composites ou de nouveaux alliages et matériaux comme les composés matriciels en céramique avancée. L’objectif était de proposer un moteur de nouvelle génération capable de consommer 25% de carburant en moins que la première génération de Trent.
La production des premiers éléments du démonstrateur a débuté en 2020, par exemple celle des aubes en composites de la soufflante en février, et les premiers essais doivent avoir lieu cette année. Environ 500 millions de livres (555 millions d’euros) ont été investis dans le programme. Mais la priorité de Rolls-Royce, outre sa restructuration, semble devoir revenir sur l’amélioration de ses produits existants, notamment travailler sur une éventuelle remotorisation de l’Airbus A350.