Air New Zealand a considérablement élargi le groupe de travail engagé dans la définition d’un concept d’avion régional décarboné pour remplacer sa flotte de Q300 à l’horizon 2030. Tout en renforçant le partenariat qu’elle avait déjà avec ATR et Airbus, la compagnie néozélandaise a sélectionné Embraer, Heart Aerospace et Universal Hydrogen comme nouveaux partenaires à long-terme sur ce même projet. « Notre choix s’est porté sur ces partenaires, car ils prennent d’ores et déjà des mesures concrètes en faveur de la décarbonation de l’industrie aéronautique », explique Kiri Hannifin, responsable du développement durable chez Air New Zealand.
Le travail entamé avec ATR et Airbus en 2018 sur de nouvelles technologies de propulsion a permis à la compagnie de mieux appréhender l’impact de l’exploitation d’un avion hybride hydrogène/batteries sur le réseau, les opérations, les infrastructures, les opportunités qu’il peut créer, les défis qu’il ne manquera pas d’engendrer en Nouvelle-Zélande. Introduire de nouveaux avionneurs dans le projet donnera à la compagnie une vision plus large des technologies actuellement en développement.
En effet, ATR est engagé dans son concept EVO, pour lequel il a lancé une étude de faisabilité. L’idée est de proposer un avion régional doté d’un nouveau système propulsif compatible avec 100% de carburant durable et avec une capacité d’hybridation. Ce concept envisage l’utilisation de nouvelles hélices à huit pales, une nouvelle pointe avant et une cabine plus légère en matériaux bio-sourcés. Il espère lancer le programme cette année pour une mise en service en 2030.
En face, Embraer travaille sur le projet Energia, une gamme de concepts d’avions durables capables de transporter jusqu’à 50 passagers. Il envisage différentes sources d’énergie, architectures de propulsion et architectures de cellule pour avancer vers une aviation 0 émission. Le partenariat permettra à Air New Zealand d’intégrer le groupe de conseil d’Energia et de participer à la définition des critères de conception.
Heart Aerospace développe de son côté l’ES-30, un avion électrique régional propulsé par des moteurs électriques alimentés par des batteries, d’une capacité de 30 passagers et avec un rayon d’action compris entre 200 km et 800 km selon la charge. L’avionneur suédois envisage une mise en service en 2028. Son partenariat avec Air New Zealand lui donnera la garantie de développer un produit viable pour la spécificité des opérations de la compagnie.
Universal Hydrogen met au point une solution de modification des avions régionaux actuels pour qu’ils puissent voler à l’hydrogène et une approche de ravitaillement modulaire, qui élimine le besoin de nouvelles infrastructures aéroportuaires.
Enfin, Air New Zealand s’est également rapprochée du Robinson Research Institute de l’université Victoria de Wellington, qui l’aidera à évaluer les différentes technologies de propulsion au fur et à mesure que les concepts se développent et mûrissent, et à s’assurer qu’elles pourront être intégrées dans le futur système de transport aérien de la Nouvelle-Zélande.
« Air New Zealand a des objectifs de développement durable audacieux qui ne seront pas atteints par une approche ‘business as usual’. Mission Next Gen Aircraft vise à accélérer la technologie et l’infrastructure nécessaires à la décarbonisation de nos vols intérieurs, en s’associant aux principaux développeurs d’avions, innovateurs et fournisseurs d’infrastructures du monde », affirme Kiri Hannifin.
Mission Next Gen Aircraft, un projet encore plus large
Si le remplacement de la flotte de Q300 officiant sur le réseau régional est le point de départ et l’un des volets majeurs du programme « Mission Next Gen Aircraft », il se développe en parallèle d’un autre projet, intermédiaire : celui de réaliser le premier vol d’un démonstrateur 0 émission en 2026, qu’il s’agisse d’un vol de fret ou de passagers.
Pour cela, Air New Zealand a conclu d’autres partenariats en décembre dernier avec Eviation, Beta, VoltAero et Cranfield Aerospace, choisis notamment en raison de leur avancement dans le processus de développement – respectivement Alice, Alia, Cassio et Project Fresson (rétrofit d’un Britten- Norman Islander avec des piles à hydrogène). Ils travailleront non seulement sur leur technologie avec la compagnie mais aussi sur les infrastructures nécessaires à ses opérations. Air New Zealand a signé une déclaration d’intention de commande, qui envisage l’acquisition de trois appareils dans un premier temps, avec des options sur vingt, auprès de l’un ou de plusieurs de ces partenaires.
« Mission NextGen Aircraft ne consiste pas à soutenir un seul innovateur. Il s’agit de travailler avec une série de leaders dans le domaine de la technologie des avions à émissions zéro afin de faire progresser l’ensemble de l’écosystème. Notre objectif est de confirmer notre engagement avec un ou plusieurs de ces partenaires dans les douze prochains mois, avec l’ambition d’acheter un avion qui sera livré à partir de 2026 », avait alors expliqué Greg Foran, le directeur général de la compagnie néozélandaise, en ajoutant que les enseignements qu’elle pourra tirer de ce premier vol ouvriront la voie à ses partenaires à long terme sur le remplacement des Q300.
« Nous ne pouvons pas le faire seuls. Il faudra l’avis de nombreux acteurs du secteur pour trouver la bonne solution. La technologie est en train de se mettre en place, il suffit de la développer à une échelle que nous pourrons déployer sur l’ensemble de notre réseau. Il s’agit d’un problème difficile à résoudre, mais nous sommes déjà à l’oeuvre. »