L’activité autour de la production de fauteuils d’avions continue de constituer un poids dans le bilan de Safran. Lors de la présentation de ses résultats annuels le 17 février, l’équipementier aéronautique a souligné que la déception de l’année 2022 avait été l’activité Aircraft Interiors, qui continue d’avoir un résultat opérationnel négatif (- 140 millions d’euros), alors que l’équilibre était visé, et un chiffre d’affaires en recul de 40 % par rapport à 2019 (1,98 milliard d’euros). Pascal Bantegnie, le directeur financier du groupe, explique que ces résultats montrent la « forte exposition de l’activité au long-courrier, secteur qui redémarre plus lentement ».
Aircraft Interiors part également de loin. Safran travaille à son redressement depuis l’intégration de ces activités héritées du rachat de Zodiac Aerospace en 2018 et s’apprêtait à réussir lorsqu’est survenue la crise liée à la pandémie de covid-19. Quand le groupe a vu son activité globale chuter de 40 % en moyenne, celle d’Aircraft Interiors a dégringolé de 65 %. Mais la crise a été utilisée comme une opportunité d’accélérer la réduction des coûts et « l’optimisation de l’empreinte industrielle », c’est-à-dire le transfert d’une partie de l’activité vers des sites de production à plus bas coûts. Le processus n’est pas terminé mais « on se prépare à repartir », affirme Olivier Andriès, le directeur général du groupe.
Dans le détail, la situation de l’entité est contrastée. La partie Safran Cabin, qui fournit des équipements tels que les cuisines, les toilettes, les panneaux intérieurs…, se trouve en pleine phase de redressement et a même atteint l’équilibre opérationnel au quatrième trimestre 2022. Activité plus industrielle que celle des sièges, elle gagne rapidement en rentabilité grâce à cette fameuse optimisation de l’empreinte industrielle. Ainsi, Safran a fermé en fin d’année un site en Californie pour transférer la production dans ses installations de Chihuahua, au Mexique. Et ce type de mesures devrait se poursuivre en 2023.
En revanche, l’activité Safran Seats a un profil tout à fait différent. Tout d’abord, elle s’apparente à une activité systèmes, vu la complexité des fauteuils en classe affaires. C’est là que Safran a mis en place une première action : « nous avons lancé un plan de transformation pour renforcer la capacité systèmes de l’activité », souligne Olivier Andriès. Ensuite, le rebond n’a pas été aussi fort qu’attendu et le groupe a rencontré « des problèmes d’exécution sur les coûts d’ingénierie lorsqu’il développe et certifie les nouveaux sièges pour les compagnies aériennes », explique Pascal Bantegnie. Le nombre de fauteuils de classe affaires livrés en 2022 a ainsi été inférieur de près de quatre cents (1 704 contre 2 097 en 2021, soit une baisse de 19 %).
Cependant, ces derniers mois ont été très encourageants. « L’activité commerciale est repartie avec les commandes de gros-porteurs ». Olivier Andriès cite ainsi les commandes majeures de United Airlines (cent Boeing 787) et Air India (vingt 787, dix 777-9 et quarante Airbus A350) et garantit que « ce n’est pas fini ». Il précise également que la demande redevient importante à la fois pour aménager les avions nouveaux et pour le rétrofit cabine (au Moyen-Orient et chez Air France par exemple). Cela va mettre un petit peu de temps à se retranscrire sur le plan industriel car il faut compter un délai de 18 à 24 mois entre le co-design et la livraison des premiers sièges à une compagnie. « Aujourd’hui, nous avons une très forte activité commerciale qui se traduit par une très forte activité d’ingénierie mais pas encore par une activité industrielle », résume le directeur général de Safran.
Les perspectives s’éclaircissent donc résolument. Si la situation reste difficile pour le moment, « nous sommes confiants sur notre capacité à redresser l’activité sièges », conclut Olivier Andriès.