L’Union des Aéroports Français (UAF) a publié son bilan de 2015 et ses axes de travail pour l’année à venir. Si « 2015 a été une assez bonne année comparée aux précédentes, elle a été contrastée quand on la remet dans un contexte plus général », explique Philippe Aliotti, le délégué général du syndicat.
Les aéroports français ont en effet accueilli près de 181 millions de passagers en 2015, un trafic en croissance de 3,1% en moyenne. Aéroports régionaux et aéroports parisiens ont contribué à une hauteur similaire à cette performance, enregistrant une croissance moyenne de 3,3% et 3,1% respectivement, les plateformes ultramarines ayant connu une croissance plus lente de 2,5%. Une bonne année donc.
Mais effectivement, deux effets viennent modérer l’enthousiasme du syndicat. D’une part, 2015 a été malheureusement marquée par les attentats de janvier contre Charlie Hebdo puis, avec une ampleur encore accrue, ceux de novembre. Rejoignant l’estimation également faite par Augustin de Romanet, le président d’Aéroports de Paris, Jean-Michel Vernhes, président de l’aéroport de Toulouse, indique que ces événements ont fait perdre environ 0,9 point de croissance. Ainsi, quand le trafic avait augmenté de 3,9% entre janvier et novembre, il s’est rétracté de 1% en novembre puis 1,4% en décembre. Par ailleurs, comme chaque année, la progression de 3,1% enregistrée en 2015 se situe bien au-dessous de celle des aéroports européens, qui atteint 5,2%.
Les tendances observées les années précédentes se sont poursuivies en 2015. Le nombre de mouvements d’avions se stabilise malgré l’augmentation du nombre de passagers, les compagnies aériennes privilégiant des appareils de capacité accrue et réussissant en même temps à mieux les remplir. Le trafic international se développe plus rapidement que le national, notamment sous l’effet du développement continu des compagnies low-cost qui restent le principal moteur de la croissance. Ainsi, quand la part du trafic à bas coût était de 28,1% en 2009 dans les aéroports régionaux, il a atteint 41,1% en 2015.
Pour une meilleure connectivité en région
Ceux-ci ont tout de même un sujet majeur d’inquiétude : la connectivité en région est en baisse, aussi bien en France que dans le reste de l’Europe. Alors que les lignes semblent en voie de concentration sur les aéroports principaux, 32% des plateformes régionales européennes ont constaté une diminution du nombre de liaisons directes depuis 2008. L’UAF applaudit donc la décision de l’Union européenne de faire remonter au niveau européen la négociation des droits de trafic, en espérant qu’elles seront ainsi libérées du lobbying des compagnies aériennes nationales désireuses de protéger leurs hubs.
« Il ne faut pas oublier que nos aéroports sont petits à l’échelle internationale mais il y a du potentiel. Il faut qu’on ait la capacité de se développer sur des lignes au-delà de l’Union européenne », explique Jean-Michel Vernhes. Comprenant la réticence d’Air France à voir la compétition se développer à l’échelle nationale, il ajoute que les blocages ne servent à rien. « On essaie de dresser des lignes Maginot autour de la France pour protéger son trafic. Cela marche un temps mais cela ne marche pas toute la vie. La dernière fois qu’on a dressé des lignes Maginot, c’était contre les low-cost et aujourd’hui, ce sont les moteurs de la croissance. »
Au contraire, il souligne que les bénéfices pour l’économie nationale d’une libéralisation au niveau des droits de trafic sont bien supérieurs à la perte potentielle de trafic pour Air France : « Quand on part d’un aéroport régional, on a beaucoup de choix pour l’escale avant un vol long-courrier. Si les compagnies du Golfe arrivent dans les aéroports régionaux, cela détourne un petit peu de trafic de CDG mais pas seulement. En revanche, cela crée des emplois et de la richesse. » Reprenant les études de l’ACI, il rappelle que 100 000 passagers supplémentaires créent 100 emplois directs et 400 emplois indirects.
Pour un allègement des charges
Eternel problème, le manque de compétitivité reste parmi les premiers sujets d’inquiétude des aéroports régionaux. « En France, on a un problème de compétitivité général, lié à la structure sociale, auquel s’ajoute le poids des taxes, notamment celles liées à la sûreté qui sont entièrement à la charge du passager. » L’UAF indique ainsi que le coût de la sûreté est 25% supérieur à celui de l’Allemagne et 60% supérieur à celui de l’Espagne ou de la Suède.
Le syndicat demande ainsi d’éviter « la superposition réglementaire inutile », les lois françaises venant s’ajouter aux lois européennes, et de rechercher les bonnes pratiques pour les appliquer en France. Il souhaite également faire reconnaître la sûreté et la sécurité comme des services d’intérêt général, dont le coût serait supporté par l’Etat ou les collectivités, et dont les investissements lourds ne seraient plus uniquement financés par la taxe d’aéroport.
Une nouvelle difficulté est par ailleurs apparue avec les attentats de novembre et la décision de remettre en place les contrôles systématiques aux frontières, qui entraînent un surplus de contrainte. « Nous sommes un peu inquiets de la façon dont cela va se dérouler lorsque les aéroports seront pleins », durant la saison été.