Alors que l’espace Schengen vacille sous l’effet de l’afflux de réfugiés, l’ACI Europe a lancé l’alerte sur les conséquences que son affaiblissement pourrait avoir sur l’industrie de l’aviation civile. Olivier Jankovec, le directeur général de l’organisation, rejoint le président du Conseil européen Donald Tusk, qui en appelle à un renforcement des contrôles aux frontières de la zone pour, surtout, sauvegarder le principe de libre circulation à l’intérieur.
Olivier Jankovec explique que les règles de l’espace Schengen ont modelé l’organisation des aéroports européens depuis sa mise en oeuvre. S’il s’effondre, les aéroports devront être réorganisés à grands frais pour pouvoir s’adapter aux nouvelles règles de contrôle d’identité. Ces investissements pourraient atteindre plusieurs millions d’euros pour les plus grandes plateformes et renforceraient en outre la congestion, provoquant des perturbations de trafic et dégradant la connectivité intra-européenne. Avec les conséquences prévisibles sur l’économie.
L’ACI Europe s’alarme d’un renforcement des contrôles aux frontières au sein de l’espace Schengen – notamment dans les Balkans, particulièrement exposés à l’arrivée en masse des réfugiés en Grèce – et qui menace de se propager au reste de l’Europe. Elle a indirectement reçu le soutien de Donald Tusk ces derniers jours, qui parcourt le sud de l’Europe pour se rendre en Turquie et affirme que les décisions unilatérales qui ont été prises dernièrement par les Etats mettaient en danger l’esprit européen.
« Je veux être très clair : il n’y a aucune alternative au respect des règles de Schengen. […] C’est ce à quoi nous devons travailler à la prochaine réunion du Conseil. Notre première priorité est d’endiguer rapidement les flux et de réduire l’immigration illegal en préservant l’intégrité de la zone Schengen. Nous devons revenir à une situation dans laquelle tous les membres appliquent nos règles et décisions communes, dont la moindre n’est pas celle sur les frontières » a déclaré le président du Conseil le 2 mars.
Le Conseil avait déjà annoncé le 25 février qu’il allait renforcer les contrôles systématiques aux frontières de l’espace Schengen, y compris pour les habitants de la zone lorsqu’ils franchissent la frontière extérieure, qu’ils y entrent ou en sortent. Un renforcement jugé essentiel par Olivier Jankovec mais qui va avoir des conséquences dans les domaines de la sûreté et de la sécurité donc sur l’organisation et les charges des aéroports.
« Cela demande le déploiement de davantage de personnels de police et de douane – des ressources sur lesquelles les aéroports n’ont aucun contrôle mais avec lesquelles nous travaillons au quotidien. Les équipes de contrôle actuelles sont déjà surchargées dans de nombreux aéroports et nous nous inquiétons fortement de savoir si davantage de ressources peuvent nous être allouées. Il est déjà difficile de maintenir notre niveau de service et si nous n’avons pas les équipes nécessaires, ce sera encore pire. Nous espérons que les gouvernements prendront leurs responsabilités. »