Le low-cost long-courrier français verra le jour grâce au groupe Dubreuil et Air Caraïbes. Le groupe a officiellement révélé sa nouvelle filiale French blue le 17 mars. La compagnie soeur d’Air Caraïbes sera opérationnelle à partir du 15 septembre, lorsqu’elle inaugurera sa première liaison entre Orly Sud et Punta Cana. La destination sera desservie en A330-300 à raison de quatre vols par semaine.
Le premier appareil, acquis neuf directement auprès d’Airbus, se trouve actuellement dans les usines de l’avionneur, où il est en cours de finition. Il s’agit d’un A330-300 à masse maximale au décollage accrue à 242 tonnes, celui au numéro de série 1727, et il portera l’immatriculation F-HPUJ (en clin d’oeil à la première destination). Il sera livré à la compagnie en juin et réalisera des vols pour le compte d’Air Caraïbes jusqu’en septembre.
Par la suite, French blue compte développer ses activités vers La Réunion et Maurice. Si elle « butte sur les droits de trafic » comme le reconnaît Marc Rochet, elle doit surtout attendre de développer sa flotte. Elle prévoit de recevoir un second A330-300 et un premier A350-900 (pour les vols vers l’océan Indien) au printemps 2017. Puis, un second A350-900 est également attendu pour le printemps 2018. Deux appareils très similaires qui ne requièrent qu’une seule qualification PN et octroient donc une grande flexibilité à la compagnie.
Une volonté de maintenir un certain niveau de confort
« Pour faire revenir les passagers, il faut que le degré de satisfaction soit supérieur au degré d’attente. Nous, nous n’avons pas voulu faire de compromis sur le confort », a expliqué Marc Rochet. L’objectif est donc de faire de French Blue une compagnie « smart cost » plutôt que purement low-cost.
Ainsi, le confort en cabine sera préservé. French blue a choisi d’équiper ses appareils en configuration biclasse de 378 places sur A330 (28 en Premium Blue et 350 en Eco Blue) et 415 places sur A350. Les sièges choisis sont ceux de Zim Flugsitz. En cabine Eco Blue, ils seront disposés en rangées de neuf sièges (3x3x3), avec un pitch de 32 pouces. Equipés de renforts lombaires et aux genoux ainsi que d’un appuie-tête réglable, ils pourront s’incliner à 6 pouces. Au niveau technologique, ils seront dotés de prises PC et USB et d’un écran tactile HD individuel par lequel chaque passager pourra accéder à un système de divertissement en vol.
En cabine Premium Blue, le modèle choisi est similaire à celui qui équipe les appareils de Lufthansa et Singapore Airlines aujourd’hui. Les sièges seront disposés en rangées de 2x3x2, avec un pitch de 36 pouces. Ils seront équipés d’un repose-pied, d’un repose-jambes, d’une console centrale et leur inclinaison ira jusqu’à 8 pouces. Quant à l’écran, il mesure 12 pouces.
Par ailleurs, French blue proposera un service (payant) de connexion en wifi sur tous ses appareils dès leur entrée en service.
En termes de tarifs, la compagnie proposera trois options : basic, smart et premium. Le tarif basique ne comprend que le siège et un bagage à main de 12 kg. A cela s’ajoute un bagage en soute de 23 kg, le choix du siège et le choix du repas dans le tarif smart, ainsi qu’un second bagage enregistré et une place à l’avant pour le premium. D’autres options peuvent venir s’ajouter ensuite (embarquement prioritaire, menu à la carte). Les tarifs basic et smart ne seront disponibles qu’en ligne, le premium pouvant être vendu en agence de voyage grâce au partage de code qui sera mis en place avec Air Caraïbes. Les ventes seront ouvertes le 7 juin.
Pour assurer un niveau raisonnable de ses coûts, de nombreuses synergies seront mises en place avec Air Caraïbes, par exemple dans les domaines des achats, de l’engineering, des opérations sol et de la maintenance. Ainsi, alors que la maintenance des A330 d’Air Caraïbes est actuellement assurée par SR technics, la société suisse ne peut pas prendre en charge l’entretien des A350. Air Caraïbes et French blue confieront donc la MRO de toute la flotte à AFI KLM E&M, flotte qui doit doubler en deux ans en passant de cinq à dix appareils.
French blue remet un peu de vigueur dans le pavillon français
Quand le pavillon français décline d’au moins 1% par an et alors qu’Air Méditerranée vient de faire faillite, French blue redonne un peu de souffle au transport aérien dans l’Hexagone. « C’est participer à une démarche pour stopper l’hémorragie », affirme Jean-Paul Dubreuil, président du groupe Dubreuil Aéro nouvellement créé. « Nous préférons être des acteurs en avance plutôt que de subir des acteurs étrangers. »
C’est aussi la raison du choix du nom : « french » pour porter haut l’identité française tout en affichant des ambitions internationales, « blue » pour rappeler le ciel et le bleu de la mer et des lagons qui doivent être les destinations prioritaires de la compagnie. Les vols se feront au départ d’Orly Sud : « tant qu’on pourra le faire, French blue sera la compagnie qui opère à Orly », souligne Marc Rochet. L’aéroport est en effet très apprécié des passagers et ses coûts sont plus intéressants que ceux de Roissy. « La seule butée qu’on a, ce sont les slots. La limite à 250 000 créneaux est complètement anachronique. On peut mettre beaucoup plus de vols à Orly, sans remettre en cause la notion de couvre-feu. »
En termes d’emplois, French blue prévoit de recruter 400 personnes en deux ans, soit une centaine de postes par avion. Muriel Assouline, sa directrice générale, précise que tous les PNT (neuf commandants de bord et sept OPL) ont été recrutés pour le premier A330 – des pilotes expérimentés venant notamment d’Etihad et de l’armée de l’air (pilotes de l’avion présidentiel). Les recrutements sont en revanche toujours en cours pour les 70 postes à pourvoir dans le personnel de cabine. Par ailleurs sept équipages complets doivent également être composés pour le second A330, soit quatorze PNT et 70 PNC. French blue prévoit de les faire voler entre 800 et 850 heures par an.