« Nous avons complètement réinventé Aigle Azur depuis huit mois », annonce Frantz Yvelin. A la tête de la compagnie depuis août 2017, l’entrepreneur français a voulu imprimer sa marque dans le développement de la compagnie et la faire aller de l’avant. Un plan de réduction des coûts et d’amélioration de la productivité est désormais en place et la compagnie a dévoilé quels seraient ses prochains développements, avec l’introduction de ses deux A330 en avril et le lancement d’opération long-courrier vers Pékin et Sao Paulo en juin et juillet.
C’est bien l’introduction des A330-200 qui est le signe le plus emblématique de la transformation de la compagnie. Issus de la flotte d’Air Berlin et conservant leur configuration initiale, ils permettent le lancement d’opérations long-courrier espérées depuis plusieurs années par Aigle Azur. Le premier appareil, F-HTAC, est sorti le week-end dernier du hangar de peinture à Malte et sera livré mi-avril tandis que le second, F-HTIC, est en finalisation d’aménagement. Avant d’être lâchés sur long-courrier, les appareils réaliseront des vols moyen-courrier vers Alger, Oran, Porto et Bamako pour la familiarisation des équipages – à partir de la fin du mois d’avril.
Mais si Aigle Azur obtient les autorisations des autorités, le premier vol long-courrier sera réalisé dès le 21 juin, reliant Paris à Pékin. La compagnie deviendrait alors la première à desservir la Chine au départ d’Orly. Dès le 5 juillet, Sao Paulo (Campinas – la base d’Azul) rejoindra le programme de vols. Les deux destinations doivent être desservies trois fois par semaine, la fréquence passant à cinq vols hebdomadaires sur Sao Paulo à partir de septembre. Mais les ambitions ne s’arrêtent pas là, notamment en Chine : « est-ce qu’on va s’arrêter à Pékin ? Certainement pas », affirme Frantz Yvelin.
L’introduction des A330 marque également celle d’un nouveau produit, qui se traduit également par une nouvelle modernisation de l’image de la compagnie – qui restera cantonnée à l’activité long-courrier pour la démarquer du moyen-courrier. Ce produit est celui d’Air Berlin, Aigle Azur conservant la configuration des appareils. Ils compteront ainsi dix-huit fauteuils de classe affaires – full-flat avec un écran de 14 pouces – et 268 sièges de classe économique, dont 44 formeront une cabine Eco+ offrant davantage d’espace pour les jambes. Le système de divertissement en vol sera fourni par Zodiac Aerospace avec son système Rave et un service de connectivité par bande Ku fourni par Panasonic sera disponible à partir de l’été. Quant à la livrée, elle a été revue, avec le mot « aigle » écrit en bleu ciel et le fuselage qui prend une teinte grise.
Renforcement des acquis et partenariats
Ces ambitions ne sont pas le signe qu’Aigle Azur délaisse ce qui a jusqu’à présent été son coeur de métier. Au contraire, la compagnie reste très engagée envers ses marchés principaux, notamment l’Algérie. Plus généralement, sur le moyen-courrier, elle annonce la pérennisation voire le développement de ses récentes nouvelles lignes vers Beyrouth, Berlin et Moscou. Elle s’apprête également à attaquer le marché italien, avec une nouvelle liaison quotidienne vers Milan à compter de septembre.
Pour améliorer ses chances de succès, elle a choisi de développer sa stratégie de partenariats. Ainsi, elle s’est rapprochée de ses alliés naturels Hainan Airlines et Azul, mais aussi de Corsair. Deux nouveaux accords ont été dévoilés le 29 mars, l’un avec TAP, l’autre avec Air Caraïbes. Celui avec Air Caraïbes consiste en un accord de partage de codes mais Frantz Yvelin n’exclut pas une coopération renforcée et un accord d’interopérabilité couvrant les A330 puisque les deux compagnies exploitent le même modèle avec la même motorisation.
L’accord avec TAP est plus vaste. Il consiste non seulement à un accord de partage de code sur les lignes entre la France et le Portugal mais porte également sur la maintenance, la planification, la formation et le call center. En ce qui concerne la maintenance, Aigle Azur va confier l’entretien de ses CFM56 à TAP. La compagnie portugaise va également prendre en charge la planification et le tracking des opérations ETOPS d’Aigle Azur.
En parallèle, la compagnie va devoir travailler sur son efficacité financière. Son président a mis en place un programme de réduction des coûts qui s’accompagne de mesures d’amélioration de la productivité. Après avoir réussi à signer des accords avec son personnel navigant, la compagnie s’est alignée sur la réglementation FTL (Flight Time Limitation) de l’EASA, se libérant des contraintes supplémentaires apportées par les réglementations françaises. Par ailleurs, le personnel navigant commercial a consenti à une réduction du nombre de PNC à bord, de cinq à quatre personnes sur A320 et à six personnes sur A330 (pour les vols les plus courts que l’appareil réalisera).
Toujours en perte en 2017, elle espère retrouver un EBITDA positif en 2018 puis un bénéfice net en 2019.