Les assises du transport aérien auront-elles les mêmes effets marginaux que les différents rapports sur le secteur qui les ont précédées ? C’est la crainte du SCARA. Le syndicat a exprimé le 5 juillet sa crainte de voir rejeter l’essentiel des propositions d’amélioration présentées par les compagnies aériennes françaises ou que certaines soient intégrées dans un rapport final qui ne sera jamais appliqué, crainte qui s’est renforcée avec la présentation du projet de loi PACTE. « Nous sommes très inquiets de passer à côté d’un moment historique, de passer à côté de l’enjeu des assises », a déclaré Jean-François Dominiak, président du SCARA.
Rejoignant la position de la FNAM présentée la semaine dernière, le SCARA s’oppose au projet de loi PACTE et notamment sa volonté d’inscrire dans la loi le principe de double caisse auquel s’opposent toutes les compagnies aériennes. Dénonçant la logique comptable du gouvernement d’assurer la rente des aéroports pour trouver des investisseurs, les syndicats demandent plusieurs mesures, les deux principales étant de faire participer les compagnies aériennes à la définition des contrats de régulation économique (CRE) et de donner un vrai pouvoir à l’Autorité de supervision indépendante (ASI).
La première mesure vise à ce que la voix des compagnies aériennes, les clientes des aéroports, soit non seulement entendue mais prise en compte. Ainsi, elles pourraient agir pour faire baisser les redevances. « Depuis 2006, les redevances d’ADP ont augmenté de 42% alors que l’inflation a été de 15% et que le prix des billets a baissé de 20%. Alors oui, nous avons des craintes et elles sont objectives. Il faut qu’on nous redonne la main en imposant une baisse des redevances », indique Jean-François Dominiak.
Par ailleurs, le SCARA demande un vrai pouvoir pour l’ASI, aujourd’hui trop contrainte par son règlement intérieur et incapable d’imposer des sanctions lorsqu’elles pourraient s’avérer nécessaires. Alors qu’elle ne peut que vérifier que la hausse des redevances ne dépasse pas le plafond défini par le CRE, elle ne peut pas remettre en cause les hypothèses économiques définies par ce CRE malgré les évolutions (par exemple du coût de l’argent).
« Les assises sont probablement le dernier rendez-vous possible pour sauver le pavillon français, notre dernière cartouche »
Le SCARA a formulé plusieurs propositions aux assises, par exemple de faire participer les recettes des commerces en aéroport au financement de la sûreté, dont certaines ont déjà été rejetées. « La crainte que l’on a, c’est que beaucoup de nos idées ne se trouvent pas dans le rapport final des assises. Celles que l’on a actées, nous ne savons pas si elles y figureront et ce n’est pas parce qu’elles y sont qu’elles seront appliquées », s’inquiète Jean-François Dominiak, qui ajoute : « Nous nourrissions de grands espoirs avec les assises du transport aérien. Aujourd’hui nous sommes très inquiets. Si on ne prend pas en compte notre avis, c’est une injure au pavillon français. »
Alarmiste, le SCARA s’interroge sur la volonté réelle de sauver ce pavillon. « Les assises du transport aérien, c’était pour sauver les CTA [certificats de transporteur aérien] français, faire en sorte que les conditions d’opérer un CTA en France soient compétitives par rapport à l’Europe. A quoi bon faire des assises sinon ? L’enjeu est colossal, ce n’est pas de récupérer quelques millions à droite à gauche. Nous sommes en train de passer à côté », regrette Jean-Pierre Bes, secrétaire général du SCARA. « Je crains que le choix n’ait déjà été fait, qu’on se dise déjà qu’on n’a pas besoin du pavillon français puisque quoi qu’il arrive le trafic va doubler », ajoute Jean-François Dominiak.
« Les assises sont probablement le dernier rendez-vous possible et si on n’en profite pas pour prendre des décisions stratégiques, ce seront ces gens-là, qui ne les ont pas prises, qui auront enterré le transport aérien français », conclut Jean-Pierre Bes.