Le BEA n’est pas satisfait de sa collaboration avec les autorités égyptiennes et il le fait savoir. Le Bureau d’enquêtes et d’analyses a exprimé le 6 juillet ses regrets sur le déroulement de l’enquête au sujet des circonstances de l’accident de l’Airbus A320 d’Egyptair survenu en 2016. Il s’inquiète de l’absence d’avancée, de prise en compte de certains éléments et de rapport final de la part des autorités égyptiennes, ce qui nuit à la sécurité aérienne.
Pour rappel, l’A320 immatriculé SU-GCC d’Egyptair s’était abîmé en mer au large des côtes égyptiennes dans la nuit du 19 mai 2016, alors qu’il réalisait un vol entre Paris et Le Caire (vol MS804). La France étant pays de fabrication de l’appareil, le BEA participe à l’enquête menée par le ministère de l’aviation civile égyptien sur les circonstances de l’accident. C’est lui notamment qui a restauré les deux enregistreurs de vol de l’appareil, avant d’en extraire les données et de les décoder.
Ces données ont permis d’établir que l’accident était survenu durant la croisière (à une altitude de 37 000 pieds) et qu’il y a eu du feu à l’intérieur de l’appareil – un message ACARS a fait état d’un incendie dans la baie avionique et les toilettes, donnée confirmée par les paramètres enregistrés dans le FDR (Flight data recorder), les conversations extraites du CVR (Cockpit voice recorder) et la présence de suie et de traces de haute température sur des débris.
En décembre 2016, les autorités égyptiennes annoncent qu’elles ont retrouvé des traces d’explosifs et transfèrent le dossier aux services du Procureur général égyptien, protégeant ainsi ses éléments. Depuis, aucune avancée n’a été constatée par le BEA, qui s’alarme du fait que certaines données semblent avoir été omises, notamment celles récoltées auprès des autorités grecques dont un radar montre que l’appareil est descendu en virage jusqu’à sa collision avec la mer.
Pour tenter de relancer la progression de l’enquête, le BEA a rencontré le Procureur général au mois de mai, qui a confirmé que seule la justice était désormais en charge de l’enquête. Le bureau français regrette l’absence de tout rapport final, qui lui permettrait de « notifier ses divergences ». Il continue en effet de privilégier la thèse d’un incendie qui se serait déclaré dans le poste de pilotage et se serait rapidement propagé, entraînant la perte de contrôle de l’appareil.