« En 2018, il y a quelque chose qui nous frappe, c’est que nous sommes le numéro un mondial. » C’est ainsi qu’Augustin de Romanet a débuté l’exercice de présentation des résultats annuels du Groupe ADP le 15 février. En effet, avec 281,4 millions de passagers en 2018 (en trafic pondéré du taux de participation dans les plateformes), le groupe a dépassé le tenant du titre, l’espagnol AENA.
La croissance globale du nombre de passagers a été de 7,6%, avec un dynamisme particulier des plateformes internationales (+10% quand Paris Aéroport croît de 3,8%). Elle a notamment été permise par l’acquisition de la plateforme d’Antalya par TAV Airport en mai et celle d’AIG (Airport International Group) en Jordanie.
Ces acquisitions ont fait monter le chiffre d’affaires du groupe de 23,8% à 4,48 milliards de dollars. L’EBITDA croît dans les mêmes proportions grâce à une bonne maîtrise des charges (+0,6%), dont le Groupe ADP assure qu’elle lui permet également de limiter l’impact de ses investissements sur le tarif des redevances. Le résultat net atteint quant à lui 610 millions d’euros (+6,9%). La croissance à Paris a été dopée par l’activité des low-cost mais connaît « surtout une déformation de trafic qui est de plus en plus international ». En effet, tous les réseaux sont en croissance à l’exception du segment domestique en France qui perd 1,7%.
Une première place éphémère ?
L’année 2019 va être un petit peu différente. Le Groupe ADP et TAV vont en effet subir l’arrêt de l’aéroport d’Atatürk, le transfert de Turkish Airlines vers le nouvel aéroport d’Istanbul étant désormais prévu pour le 2 mars. Avec sa fermeture, le groupe va perdre 68 millions de passagers – quant aux négociations concernant l’indemnisation associée, elles sont toujours en cours.
L’acquisition de l’aéroport d’Antalya (32 millions de passagers avec une croissance de 22% en 2018) a été un premier pas pour compenser cette perte et préparer la période post-Atatürk. D’autres projets sont en cours, comme l’agrandissement de l’aéroport de La Havane à Cuba (contrat remporté en août 2016), et le groupe s’est également porté candidat pour assumer la concession de l’aéroport de Sofia et opérer ceux d’Hokkaido (dans le cadre d’un consortium avec des partenaires japonais). Il a par ailleurs renforcé ses équipes chargées du développement des routes – ce qui a déjà permis d’ouvrir 68 lignes en 2018.
Les grands chantiers de 2019
Pour 2019, le Groupe ADP table sur une croissance du trafic de Paris Aéroport se situant entre 2% et 2,5%. En revanche, celui de TAV devrait prendre entre 38% et 42%. Ainsi, l’EBITDA devrait lui aussi baisser, de 8% à 13%, subissant par ailleurs également l’impact de la décision de l’Etat de laisser 6% des coûts de la sûreté aux aéroports (entérinée par la loi de finances).
Les objectifs pour 2020 (fin du troisième contrat de régulation) ont malgré tout été revus à la hausse, plusieurs d’entre eux ayant déjà été atteints. Ainsi, le groupe visait initialement une croissance de trafic de 2,5% entre 2015 et 2020, il s’attend désormais à ce qu’elle soit comprise entre 2,8% et 3,2%. Les charges opérationnelles par passager sur le périmètre régulé devraient quant à elles être réduites de 10% à 15% et non 8% comme attendu.
Les prévisions pour l’EBITDA (croissance entre 30% et 40%) et les charges courantes sont restées inchangées. Concernant les charges, elles devraient augmenter un petit peu l’année prochaine avec l’ouverture de nouvelles installations, principalement à Orly. En effet, la jonction des terminaux sud et ouest à Orly devrait être inaugurée en avril. Par ailleurs, des travaux de mise en conformité de la piste 3 (08/26) sont prévus durant dix-huit semaines au second semestre. En 2020, c’est CDG qui inaugurera ses nouvelles infrastructures : le terminal de jonction des satellites du terminal 1 et celui entre les halls 2B et 2D. L’augmentation des capacités qu’ils impliqueront permet au groupe ADP de repousser les échéances pour le terminal 4 de 2024 à 2028.