Le ciel européen perd encore de ses couleurs. Le groupe Thomas Cook s’est déclaré en faillite le 23 septembre et a suspendu les opérations de la plupart de ses entités, dont sa compagnie aérienne Thomas Cook Airlines. Condor est toutefois épargnée pour le moment et vole encore. Quelque 150 000 personnes doivent désormais être rapatriées, tâche qui revient à la CAA (Civil Aviation Authority) britannique.
Le deuxième voyagiste européen, créé en 1841, avait déjà reconnu ses difficultés et travaillait depuis plusieurs mois à une restructuration. Si ses difficultés s’inscrivaient sur le long cours, elles avaient été aggravées par la perspective du Brexit et son impact négatif sur les réservations et le cours de la livre. A la suite de la publication d’une perte de 1,5 milliard de livres sur le premier semestre, il avait même envisagé de revendre sa partie « opérations aériennes » pour se recentrer sur son activité de tour opérateur.
Le salut aurait pu venir du premier actionnaire du groupe, le groupe chinois Fosun (propriétaire du Club Med), qui s’est associé avec des banques pour injecter 900 millions de livres. Il prévoyait d’apporter la moitié de la somme pour reprendre 75% des activités de tour opérateur et 25% des compagnies aériennes. Cependant, le groupe avait expliqué le 20 septembre que certains créanciers exigeaient un investissement supplémentaire de 200 millions de livres pour accepter l’accord. Les fonds n’ont pas pu être réunis malgré les négociations du week-end et une sollicitation du gouvernement britannique, menant à la faillite.
La CAA travaille désormais au rapatriement des voyageurs bloqués à l’étranger. Elle a indiqué qu’elle avait réussi à mobiliser une flotte d’avions du monde entier – une quarantaine selon les informations de Flightglobal – pour ce qu’elle qualifie de « plus grande opération de rapatriement en temps de paix ». Les voyageurs bloqués sont presque deux fois plus nombreux que lors de la faillite de Monarch en 2017. Par ailleurs, 22 000 emplois sont menacés, dont 9 000 au Royaume-Uni.
Le groupe Thomas Cook exploitait quatre compagnies aériennes : Thomas Cook Airlines, Thomas Cook Scandinavia (basée au Danemark), Thomas Cook Balearics et Condor. Dès l’annonce de la faillite du groupe, Condor a précisé qu’elle poursuivait ses opérations. Elle a déposé une demande de prêt auprès du gouvernement allemand pour éviter une crise de liquidités.
Les trois autres compagnies exploitaient 53 avions. Thomas Cook Airlines opérait 27 A321 et sept A330-200, Thomas Cook Airlines Scandinavia avait huit A321 et cinq A330 en flotte, tandis que la filiale espagnole comptait six A320. Condor exploite quant à elle 53 appareils.
A noter que Thomas Cook Airlines opérait depuis 2015 un A330 loué à Air Tanker – qui pouvait être réquisitionné par la Royal Air Force en cas de nécessité. L’appareil a quitté la flotte de la compagnie britannique au mois de mars et a rejoint celle de Condor au mois d’avril.