La route vers la reprise sera longue, selon le président d’IBA, Phil Seymour. Le cabinet a mis à jour ses analyses avec les premiers résultats présentés pour 2020 par l’industrie du transport aérien et s’est essayé à prévoir l’état de la flotte mondiale en 2021. Il indique que 30% de la flotte reste immobilisée aujourd’hui dans le monde. C’est le double de l’année dernière à la même période mais une situation bien meilleure que celle durant la première vague épidémique, où le taux d’immobilisation des appareils tournait autour des 60%.
IBA estime que le reste du chemin pour retrouver des taux d’utilisation similaires à 2019 sera plutôt long, suivant une évolution en « L », et que 20% de la flotte seront encore immobilisés en décembre 2021. La baisse sera lente mais constante, avec des « accidents » au gré des mesures de restrictions décidées par les gouvernements pour éviter la circulation du SARS-CoV-2.
En toute logique, les appareils les plus utilisées resteront les monocouloirs et les avions cargo les plus performants – actuellement 20% des monocouloirs les plus modernes sont au sol -, ainsi que les avions couverts par des contrats de leasing à long terme. Le long-courrier, secteur le plus affecté par la crise, verra en priorité le retour de ses appareils les plus efficaces mais il sera très lent, entravé par les fermetures des frontières. L’Australie n’est ainsi plus certaine de rouvrir ses frontières internationales en 2021, la Chine continue de bannir temporairement les compagnies sur les vols desquelles des passagers contaminés sont identifiés (comme cela vient tout juste d’arriver à Air France sur la ligne Paris – Tianjin), tandis que le Royaume-Uni a fermé tous ses couloirs aériens.
Outre les quadri-réacteurs, les grands perdants de la vague d’immobilisation seront les appareils les plus anciens et ceux couvert par un contrat de leasing à court terme ou avec une échéance proche de maintenance lourde.
Le taux d’utilisation varie par ailleurs selon les régions. On a vu le trafic chinois regagner très vite son niveau de 2019 (avec une baisse de la proportion d’avions long-courrier et des taux de remplissage), tout comme la Russie avant qu’elle ne soit touchée par une forte seconde vague épidémique et que son trafic se stabilise à -30% de son niveau de 2019 en décembre. En Amérique du Nord, il est encore réduit de moitié, tout comme au Moyen-Orient (avec des taux de remplissage faibles). Quant à l’Europe, en pleine nouvelle vague épidémique, elle en est toujours à un tiers de son niveau de 2019.
Des disparités selon la carte des vaccinations
« L’arrivée des vaccins est une bonne nouvelle, mais les différences dans leur déploiement et un certain nombre de facteurs économiques et industriels feront que nous assisterons à une reprise inégale, avec des différences marquées entre les régions du monde », annonce Phil Seymour.
Constatant que 50% des doses de vaccins commandées sont destinés aux « économies avancées » qui représentent 13% de la population, IBA estime que le retour du trafic donc des appareils immobilisés sera plus rapide dans l’hémisphère nord. Les Etats-Unis seront en tête, avec une reprise de 60%, suivis de l’Europe qui fait son possible pour vacciner au maximum avant l’été et de l’Asie Pacifique qui pourrait suivre la voie ouverte par la Chine durant tout le second semestre 2020.