La convention citoyenne pour le climat aura eu raison du projet de terminal 4 à Roissy. Le 11 février, après la présentation en conseil des ministres du projet de loi climat et résilience, le gouvernement a demandé au Groupe ADP de revoir ses projets d’aménagement pour la plateforme de Paris CDG et de renoncer à ce projet. Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique, a expliqué dans un entretien au journal Le Monde : « C’est un projet obsolète, qui ne correspondait plus à la politique environnementale du gouvernement et aux exigences d’un secteur en pleine mutation. »
Le futur terminal 4 devait ajouter plus que la capacité d’Orly à la plateforme de Roissy (30 à 40 millions de passagers annuels), afin de répondre au doublement anticipé du trafic mondial attendu entre 2017 et 2037 et ses implications pour la France. Mais avant même la crise sanitaire, les oppositions à ce projet titanesque de 7 à 9 milliards d’euros étaient fortes dans l’opinion publique et un avis de l’Autorité environnementale avait apporté de l’eau au moulin de ses détracteurs en 2019 : il jugeait que l’activité d’une telle infrastructure était incompatible avec les objectifs environnementaux de la France et que son impact sur la santé des riverains avait été sous-estimée.
Désormais, la crise covid est venue chambouler toutes les prévisions de croissance du trafic. Alors qu’il a baissé de plus de 70% à CDG en 2020, les perspectives de reprise à court et moyen terme restent très floues et peu encourageantes, même si le secteur du transport aérien espère toujours qu’il retrouvera son niveau de 2019 d’ici 2024 ou 2025. Une grande inconnue demeure : quelles seront les nouvelles habitudes de voyage et la population voyagera-t-elle toujours autant dans les prochaines années ? Le groupe ADP lui-même reconnaît que ses perspectives ont été « durablement affectées, remettant ainsi en cause le calendrier des besoins d’accroissement des capacités d’accueil des passagers », et souligne qu’une révision du projet avait été engagée il y a quelques mois. Jean-Baptiste Djebbari, le ministre des Transports, avait lui-même déclaré à plusieurs reprises qu’une révision était inévitable.
Avec la crise, les priorités ont donc changé et le groupe ADP va devoir s’adapter. Déjà engagé dans sa transition écologique, il va devoir mettre un coup d’accélérateur. Dans son entretien avec Le Monde, Barbara Pompili souligne trois axes prioritaires au nouveau projet pour Paris CDG : améliorer l’intermodalité entre le train et l’avion, recourir davantage à la géothermie pour alimenter les infrastructures existantes en énergie et adapter les installations aux futurs avions électriques et à hydrogène. Tout développement doit en tout cas éviter autant que possible l’artificialisation des sols.
« Le transport aérien doit accélérer sa transition énergétique. Nous devons en tirer les conséquences dans nos projets futurs. Après la décision de l’État de demander au Groupe ADP l’abandon de l’actuel projet de Terminal 4 ainsi que la présentation d’un nouveau projet d’évolution de la plateforme de Paris-Charles de Gaulle, le Groupe ADP engage un temps de réflexion sur les enjeux d’avenir de l’aéroport », a commenté Augustin de Romanet, le PDG du groupe.
En même temps, et en partenariat avec la région Île-de-France, Choose Paris Region, Air France-KLM et Airbus, le groupe a lancé un appel à manifestation d’intérêt pour étudier comment intégrer les activités autour de l’hydrogène dans les aéroports parisiens. Les thématiques portent sur le stockage et la distribution de l’hydrogène, la diversification des usages et l’économie circulaire (récupération et valorisation).