Depuis quelques semaines, le nombre de contaminations à la covid-19 est reparti à la hausse en Europe et le continent est désormais redevenu l’épicentre de la pandémie. Un phénomène qui ne manque pas d’alarmer les autorités sanitaires, OMS en tête, et les gouvernements, qui se trouvent de nouveau attirés par la tentation du confinement et des restrictions. Et après l’ivresse de la reprise estivale, prolongée par l’annonce de la réouverture des Etats-Unis, les acteurs du transport aérien recommencent eux aussi à s’inquiéter.
Dans sa dernière mise au point sur la situation du secteur, Eurocontrol se félicite pourtant des signes de la reprise constatés ces derniers mois, qui confirment les dernières prévisions que l’organisme a présentées en octobre, avec un retour du nombre de vols à 77% de son niveau de novembre 2019. Le déploiement de la vaccination sur le continent, même inégal selon les pays, joue en faveur du secteur.
En revanche, plusieurs signes alarmants demeurent. La situation du Royaume-Uni reste difficile – easyJet et British Airways ont toutes deux réalisé entre le 16 et le 22 novembre un nombre de vols inférieur de 43% à celui de la même semaine en 2019 – et force est de constater que le boom attendu des voyages sur le marché transatlantique n’a pas été aussi important que le secteur l’espérait. Par ailleurs, l’Europe assiste au retour des restrictions dans plusieurs pays : Autriche, Slovaquie, Pays-Bas, Belgique… « Il faut nous attendre à cinq ou six semaines difficiles », regrette Eamonn Brennan, le directeur général d’Eurocontrol, qui appelle les gouvernements à ne pas céder à la tentation d’imposer des restrictions, qu’il juge inefficaces, sur le transport aérien.
Invité de l’organisme, Michael O’Leary craint lui aussi que la « reprise claire » qui se dessinait et restait prometteuse jusqu’aux fêtes de fin d’année ne soit remise en question. Elle a en tout cas été interrompue par la décision fulgurante de l’Autriche de confiner sa population et la « nervosité » de l’Allemagne, ce qui a ravivé les inquiétudes partout en Europe. Le PDG de Ryanair estime que « les gouvernements paniquent, sous la pression des médias, au pire moment : quand les gens veulent se déplacer pour Noël. Nous devons garder la tête froide et maintenir la liberté de circulation dans l’Union européenne, permettre aux personnes vaccinées d’aller travailler et de voyager. »
Son inquiétude est que la situation ne sape de nouveau la confiance de la population, malgré le travail que toute l’industrie a fait (et réussi, selon lui) ces derniers mois. Cela pourrait peser sur le bilan de la période des fêtes, voire sur les réservations pour l’été qui pouvaient débuter dès janvier. Malgré tout, il ne s’inquiète pas d’une nouvelle fermeture des frontières intra-européennes.
En ce qui concerne Ryanair, Michael O’Leary se félicite que sa gestion de la crise lui ait permis de profiter au maximum de la reprise et de rétablir des volumes de vols supérieurs (de 7%) à ceux de novembre 2019. Cela s’est toutefois réalisé au prix d’une stimulation du marché par une forte baisse des tarifs (de 30%), ce qui n’est pas viable si elle doit perdurer. Mais cela ne sera pas le cas, selon lui. Michael O’Leary estime en effet que les capacités sur le marché européen durant l’été 2022 devraient se réduire de 20% par rapport à la période avant-crise, entraînant une hausse des tarifs.