Dans un contexte toujours dominé par les préoccupations sanitaires liées à la pandémie de covid-19 et le développement durable, les investissements des aéroports et des compagnies aériennes dans ces domaines ne cessent de se renforcer. C’est ce que montre la dernière étude du groupe SITA sur les investissements IT (technologies de l’information) dans le transport aérien, publiée le 12 janvier.
Après avoir interrogé plus de 180 directeurs des systèmes d’information d’aéroports et de compagnies aériennes de 45 pays, SITA a constaté que les budgets consacrés à ce secteur sont restés stables en 2021 mais avaient vocation à augmenter en 2022 : « la majorité des compagnies aériennes (84%) et des aéroports (81%) prévoit de dépenser autant ou plus en 2022 qu’en 2021 », révèle l’étude – contre 56% des compagnies aériennes et 67% des aéroports en 2021.
En ce qui concerne les compagnies aériennes, elles ont investi 31 milliards de dollars dans leurs services IT en 2021 (selon des données préliminaires de l’IATA) contre 29 milliards de dollars en 2020. Côté aéroports, les investissements sont montés de 4,1 à 5,1 milliards de dollars entre 2020 et 2021, constate l’ACI. A noter que dans les deux cas, les sociétés avaient été obligées de couper net dans leurs dépenses IT en 2020 pour faire face à la crise, la préservation des liquidités étant devenue la seule préoccupation, rendant superflu tout investissement dans les outils numériques alors que toute l’industrie était clouée au sol. Ceux-ci avaient alors chuté de près de 50%, aussi bien chez les compagnies aériennes que chez les aéroports – leurs investissements IT avaient atteint respectivement 49,6 et 8,8 milliards de dollars en 2019.
Les préoccupations principales restent liées à la cybersécurité. Mais l’une des autres priorités de ces investissements sera l’automatisation du traitement des passagers, l’urgence se faisant particulièrement ressentir dans le domaine du contrôle des certificats sanitaires. Alors que 81% des compagnies procédaient à des vérifications manuelles en 2021, elles sont 51% à vouloir passer à un contrôle via une application mobile et 45% via une borne d’ici trois ans. Côté aéroports, la solution de l’application mobile semble également privilégiée par près de la moitié des plateformes, contre un tiers pour les bornes, dans le même horizon de 2024.
Les services sans contact (dépôt bagage, portes d’embarquement automatiques…) restent également un axe prioritaire de développement. S’ils devaient faciliter et accélérer le parcours passager avant la crise, ils comptent désormais un argument supplémentaire en leur faveur puisqu’ils permettent de limiter les interactions sociales et donnent donc un sentiment de sécurité sanitaire. La biométrie, qui était la nouvelle tendance avant crise pour la gestion de l’identité des passagers, fait ainsi désormais partie des investissements de 74% des aéroports interrogés par SITA.
Par ailleurs, les enjeux autour du développement durable, essentiel pour l’industrie et son image auprès du grand public, sont toujours au centre des préoccupations des acteurs du transport aérien, d’autant qu’ils ont tous pris des engagements sur des objectifs de réduction des émissions de CO2. Plus de la moitié des sociétés interrogées a déjà déployé des technologies permettant d’améliorer leur empreinte et un tiers d’autres devrait rejoindre cette catégorie d’ici 2024. C’est dans cette optique que SITA a développé son panel de solutions numériques permettant d’améliorer l’efficacité des opérations – par exemple en intégrant les outils de Safety Line dans sa suite de solutions destinées aux compagnies aériennes en 2021.
« Les chiffres de l’industrie confirment que l’amélioration des opérations et de l’infrastructure de l’aviation pourrait réduire les émissions jusqu’à 10%. Les aéroports et les compagnies aériennes peuvent réaliser d’importantes économies d’émissions presque dès à présent tout en préparant l’avenir de leur organisation en investissant dans les technologies de pointe qui permettent ces gains d’efficacité », commente Sébastien Fabre, directeur général de SITA for aircraft.
Dans le cadre de la numérisation croissante des services et des opérations, le recours aux centres de données ne cesse de s’accroître, déplaçant une partie du problème de l’empreinte environnementale vers l’industrie numérique. Compagnies et aéroports semblent en être conscients, selon le rapport de SITA, et devraient adopter des critères de sélection de leurs fournisseurs dans ce domaine pour favoriser la neutralité carbone de cette transition.