Dans cette nouvelle rétrospective des événements de 2022, le Journal de l’Aviation se penche plus particulièrement sur les évolutions du transport aérien français. Concentrés sur une reprise d’une ampleur plus importante qu’espérée, les opérateurs ont également commencé à préparer les évolutions des prochaines années.
CMA CGM prend une participation dans Air France
CMA CGM a établi un partenariat capitalistique et commercial avec Air France. En acquérant une participation de 9 % (pour 400 millions d’euros) dans la compagnie française, le groupe logistique a en parallèle conclu un partenariat exclusif dans le domaine du fret aérien avec Air France-KLM. Il prévoit la mise en commun des réseaux cargo des deux partenaires, des capacités de leurs appareils dédiés au transport de fret (et des soutes des appareils passagers d’Air France-KLM), ainsi que des services associés. Douze appareils sont actuellement en activité (deux 777F chez Air France, un 747-400BCF chez Martinair, trois 747-400F chez KLM, deux 777F et quatre A330F chez CMA CGM Air Cargo) et dix sont en commande (deux 777F et quatre A350F chez CMA CGM et quatre A350F chez Air France). L’accord commercial a une validité initiale de dix ans.
Le terminal 1 de CDG rouvre ses portes
Fermé depuis le 30 mars 2020 et le début de la crise sanitaire, le terminal 1 de l’aéroport Paris CDG a rouvert ses portes sur des infrastructures rénovées au début du mois de décembre. Le corps central du bâtiment, le « camembert », a été complètement réhabilité et modernisé. Un nouveau parcours passagers a été mis en place avec une entrée unique pour la zone internationale (au lieu de quatre tunnels), où toutes les portes d’embarquement sont équipées de portes automatiques. Près de 130 bornes libre-service et 90 déposes bagage automatiques ont été mis en place. Surtout, les satellites 1, 2 et 3 ont été fusionnés en une seule vaste salle d’embarquement de 5 600 m², permettant le regroupement et la réorganisation des postes d’inspection filtrage. Avec les réaménagements, la capacité de parking a également été augmentée avec de nouveaux postes avions, trois pour monocouloirs et six pour gros-porteurs. La capacité annuelle a ainsi été portée à 10,2 millions de passagers.
CMA-CGM décroche son certificat de transporteur aérien français
CMA CGM Air Cargo a décroché le 1er juin son certificat de transporteur aérien français, devenant ainsi une compagnie de transport de fret française. Depuis le lancement de la compagnie en mars 2021, elle proposait en effet des vols cargo depuis Liège, ses opérations étant assurées en A330-200F par Air Belgium. Désormais basée à CDG, elle a réceptionné deux Boeing 777F et en a commandés deux supplémentaires qu’elle attend pour 2024. Elle fait également partie des clientes de lancement de l’A350F, dont elle a commandé quatre exemplaires (dont les livraisons sont prévues pour 2025 et 2026). Elle a étendu ses opérations en 2022 pour desservir également l’Asie, en plus des Etats-Unis, son premier marché.
Corsair réceptionne son dernier A330neo et prépare une nouvelle commande
Corsair a réceptionné en mai le dernier des cinq Airbus A330-900 qu’elle s’était engagée à acquérir, clôturant la première phase de la modernisation de sa flotte. Le projet, lancé avant la crise sanitaire, a vu la sortie (accélérée par la crise) des derniers Boeing 747-400 et A330-200. Mais la compagnie française ne compte s’arrêter là et se trouve en négociations avec Airbus pour la seconde phase de modernisation, qui prévoit l’acquisition de quatre A330neo supplémentaires pour remplacer les quatre A330-300 actuellement en service aux côtés des cinq A330neo. En mai, elle visait une flotte tout neo fin 2024.
La déclaration de Toulouse porte les objectifs de décarbonation du transport aérien
Assurant alors la présidence de l’Union européenne, la France a organisé en février un sommet européen de l’aviation consacré à la décarbonation, auquel elle a invité d’autres pays du monde et des représentants de plusieurs secteurs d’activité liés. Il en est ressorti la Déclaration de Toulouse, qui appelle tous les acteurs mondiaux à oeuvrer de concert pour soutenir le secteur à atteindre la neutralité carbone en 2050 et que cet objectif soit adopté par l’OACI (ce qui a été le cas en octobre). Rassemblant gouvernement, industriels, compagnies aériennes, aéroports et énergéticiens, les signataires préconisent des avancées technologiques sur les aéronefs, l’amélioration des opérations, l’utilisation de carburants d’aviation durables, les mesures fondées sur le marché, la tarification du carbone, les incitations financières et le soutien à l’innovation environnementale et climatique. Ils demandaient la mise en place d’étapes intermédiaires et soulignaient l’importance de la coopération internationale.
4-FLIGHT, nouvelle étape dans la modernisation du contrôle aérien français
La DSNA (Direction des services de la navigation aérienne) et Thales ont mis en service le système 4-FLIGHT en juin 2022 au Centre en-Route de la Navigation Aérienne (CNRA) de Reims – il a été officiellement inauguré par le ministre délégué chargé des Transports Clément Beaune en décembre. Conçu au début des années 2010 pour optimiser la gestion du trafic aérien et remplacer une architecture datant des années 70, il donne des outils innovants aux contrôleurs pour traiter un trafic dense et complexe, favorisant la fluidité des vols, une circulation aérienne plus respectueuse de l’environnement et l’interopérabilité avec le secteur militaire. Construit autour du système Coflight qui met à jour en temps réel la trajectoire du plan de vol, 4-FLIGHT a été pensé de façon à être évolutif et pouvoir s’inscrire dans le programme de modernisation du ciel unique européen (SESAR) lorsqu’il avancera. Les quatre autres centres en-route français adopteront le système d’ici à 2025 (Aix-en-Provence, Paris à l’hiver 2023, Bordeaux et Brest en 2025).
Air France lance le dernier chantier de modernisation de sa flotte 777
Il restait douze Boeing 777-300ER à rénover chez Air France, le chantier a été lancé en été. Il doit durer un an et être mené par les équipes d’AFI KLM E&M et de Sabena Technics. Il concerne des appareils exploités vers des destinations où la demande pour les classes affaires et premium est importante (New York, l’Amérique du Sud et l’Afrique). D’une configuration initiale de 42 fauteuils en classe affaires, 24 en Premium Economy et 315 en classe économique, ils passeront à une configuration « 48J », avec 48 fauteuils affaires (avec l’apparition d’une porte coulissante sur les fauteuils Cirrus de Safran Seats), 48 de Premium Economy et 273 de classe économique. Ce chantier de 180 millions d’euros s’inscrit dans le programme de montée en gamme de la compagnie. Il est surtout le dernier grand chantier avant l’installation d’une nouvelle Première qui sera dévoilée l’hiver prochain.
Transavia France dépasse ses capacités d’avant-crise
L’année 2022 aura été marquée par l’accomplissement du rattrapage des capacités perdues par Transavia durant la crise. Si les deux compagnies du groupe Transavia ont pleinement profité d’une reprise qui a été particulièrement dynamique sur le secteur loisirs, la branche française du groupe a tiré la croissance, ayant retrouvé un indice de capacité de 148 par rapport à 2019 – en partie aussi grâce à la reprise de certaines liaisons intérieures. Elle doit de nouveau recevoir une dizaine d’appareils durant l’hiver, afin d’aborder l’été 2023 avec une flotte de 71 avions.
Air France relance sa filière Cadets
Signe de la reprise, les recrutements reprennent dans toutes les compagnies aériennes. Première à fermer en temps de crise, la filière Cadets d’Air France a rouvert cet automne. Le programme de formation et de recrutement de pilotes, entièrement pris en charge par la compagnie, permet à ses candidats d’intégrer une école de formation pour un cursus de 24 mois à l’issue duquel ils sont embauchés comme officiers pilotes de ligne au sein d’Air France ou de Transavia France. La compagnie recherche également des pilotes déjà qualifiés – environ quatre cents embauches étaient planifiées en 2022.
Air France n’est pas la seule à rechercher du personnel navigant : Emirates, easyJet, Vueling ou Ryanair ont également lancé de vastes campagnes de recrutement et de formation.
L’interdiction de l’avion sur les lignes bénéficiant d’une alternative de 2h30 en train validée mais retouchée par la Commission européenne
La Commission européenne a validé début décembre le projet de loi français interdisant aux compagnies aériennes de proposer une ligne entre deux destinations françaises lorsqu’une alternative de moins de 2h30 est proposée par le train. Cependant, elle a apporté plusieurs modifications à la proposition qui en limitent la portée. Le décret d’application de cette interdiction ne pourra avoir qu’une durée de trois ans et une analyse d’impact devra être réalisée. En parallèle, la Commission a demandé la suppression de la dérogation proposée pour les vols en correspondance, estimant qu’elle entraînait un risque de distorsion de concurrence.
Un premier vertiport intégré est inauguré à Pontoise
Le premier vertiport intégré européen a été inauguré en novembre à l’aérodrome de Pontoise Cormeilles-en-Vexin. Erigé par le Groupe ADP et Skyports, en partenariat avec le groupe RATP, la région Ile-de-France et la DGAC (Direction générale de l’aviation civile), il accueille un terminal de 115 m² qui va servir de banc d’essai pour l’accueil de passagers des futurs aéronefs électriques eVTOL. Il permettra de tester le parcours complet du passager, l’intégration des aéronefs, la programmation des vols et l’information.
Le vertiport de Pontoise intègre désormais toutes les composantes nécessaires aux futurs services d’aéronefs électriques : hangar, zone de décollage et d’atterrissage, terminal d’accueil passagers, zones de contrôles. Un vol intégré dans l’espace aérien conventionnel a été réalisé par Volocopter. Les prochains objectifs sont de réaliser des démonstrations en environnement réel pour des missions sanitaires en 2024 et d’implanter cinq autres vertiports en région parisienne au même horizon.