Le groupe Qantas estime qu’il est sorti de sa phase de reprise et qu’il s’engage désormais dans une phase de renouvellement et de croissance. Le rappel progressif de ses appareils stockés durant la crise participe à la croissance et la reprise des livraisons combinée à l’appui à venir des nouveaux appareils commandés vont lui permettre de remanier son réseau et son programme de façon à les adapter au mieux aux nouvelles réalités post-covid et à améliorer la rentabilité des lignes.
Dans ce cadre, le projet Sunrise occupe une place particulière et Qantas en attend beaucoup. Le groupe indique qu’il devrait en effet contribuer à hauteur de plus de 400 millions de dollars à son EBIT (résultat avant intérêts et impôts) à partir de la première année d’opération avec une flotte complète (c’est-à-dire à partir de l’année fiscale 2030).
Pour rappel, ce projet consiste à proposer des vols ultra-long-courrier sans escale entre l’Australie et les marchés majeurs de Qantas en Europe (Londres) et dans l’est des Etats-Unis (New York). Ces liaisons seront réalisées en A350-1000, dont la compagnie a commandé douze exemplaires il y a tout juste un an. Les premiers vols sont attendus fin 2025.
Dans ses études, Qantas constate que les passagers consentent à dépenser davantage pour un produit proposant un vol sans escale avec un confort adapté à la durée de vol et un mix cabine laissant une place importante aux fauteuils premium. Les A350-1000 abriteront ainsi six suites de première classe, 52 suites de classe affaires, 40 fauteuils de premium economy et 140 de classe économique, ainsi que des espaces « bien-être » où circuler durant le vol. Au total, l’offre Premium concernera 40 % de la capacité des appareils.
Mais le remplissage de la cabine ne participera pas seul à la rentabilité du produit. En effet, l’arrivée des A350-1000 du projet Sunrise permettra d’affecter les appareils actuellement en service sur ces liaisons ultra longues (et assurées avec une escale) sur d’autres routes, améliorant leur rentabilité. Qantas donne ainsi l’exemple de la mise en place du Boeing 787-9 sur Londres (avec une escale à Perth) en remplacement de l’une des deux rotations auparavant proposées en A380 (via Singapour), qui a permis de rendre la ligne rentable quand elle était déficitaire avec deux A380. Alors qu’elle s’apprête à rouvrir la liaison entre Sydney et New York grâce au Dreamliner mi- juin (après trois ans de suspension et via Auckland plutôt que Los Angeles), la compagnie juge que ce type d’action peut être adapté à d’autres marchés, et notamment les marchés essentiels au réseau desservis en point-à-point, avec le même effet bénéfique, qui serait porté au crédit du projet Sunrise.
Tout ceci s’applique également au marché du fret aérien, l’affectation des appareils et de leurs soutes permettant d’améliorer l’offre cargo. Cela contribuera à la réorganisation de l’activité, qui a déjà apporté des bénéfices additionnels de 150 millions de dollars sur l’année fiscale 2022 par rapport à 2019. Au moyen du renouvellement de la flotte (autour des A321 et A330), de l’utilisation d’un nouveau terminal à Sydney et en s’appuyant sur la demande continue du commerce en ligne, Qantas estime pouvoir viser 100 millions de dollars de bénéfices supplémentaires sur l’année fiscale 2030.
Grâce aux autres transformations déjà exposées par la compagnie (renouvellement des flottes sur tous les faisceaux, nouvelle application client, nouvelle procédure d’embarquement…), Qantas espère augmenter ses marges opérationnelles dans tous ses segments de marché dès l’année fiscale 2024 et vise 18 % sur le segment intérieur, 15 % pour Jetstar et une marge de plus de 8 % sur l’activité internationale (contre 5 % avant la crise), qui pourrait atteindre entre 10 % et 12 % en 2030 grâce au projet Sunrise et à la restructuration du fret.