Le retour à la rentabilité du transport aérien est bien prévu pour cette année. C’est ce qu’a confirmé l’IATA dans le cadre de son assemblée générale annuelle, qui se déroule actuellement à Istanbul. « Une grande réussite » selon Willie Walsh, le directeur général de l’association, qui annonce un bénéfice estimé à 9,8 milliards de dollars au niveau mondial en 2023, alors que les pertes de 2022 sont estimées à 3,6 milliards de dollars.
Ces deux prévisions montrent une amélioration considérable de la situation du secteur depuis les précédentes présentées en décembre 2022. A ce moment-là, les pertes de 2022 étaient estimées à 6,9 milliards de dollars et les bénéfices de 2023 à 4,7 milliards de dollars. Dans ce dernier cas, le doublement est dû à la réouverture du marché chinois à la suite de l’abandon de la politique zéro covid en décembre, alors que l’IATA ne l’attendait pas avant le milieu de l’année.
Pour la première fois depuis le début de la crise, le chiffre d’affaires devrait également franchir le cap symbolique des 800 milliards de dollars, voire dépasser 803 milliards de dollars. Les recettes viennent principalement du transport de passagers (pour 546 milliards de dollars). Le trafic devrait en effet revenir à 87,8 % de son niveau de 2019, avec le bénéfice de yields toujours élevés, quoiqu’en déclin de 1,1 % par rapport à l’année dernière, et un coefficient de remplissage de retour à des niveaux proches de ceux de 2019.
Willie Walsh estime que ces résultats sont encourageants, surtout dans une période encore marquée par des incertitudes économiques qui auraient pu dissuader les passagers de voyager et après que l’industrie a enregistré les pertes les plus importantes de son histoire récente. Malgré tout, les marges restent très ténues, à 1,2 %, et les compagnies aériennes ne gagnent que 2,25 dollars par billet (quand elles ont perdu 76 dollars par billet en 2020).
Le secteur cargo, « notre sauveur absolu en 2020 et 2021 » selon Marie Owens Thomsen, chief economist de l’IATA, revient quant à lui peu à peu à la normalité. Il devrait contribuer au chiffre d’affaires de 2023 à hauteur de 142 milliards de dollars (contre 207 milliards en 2022), perdant de la vitesse avec le retour des capacités en soute et le ralentissement dans les échanges internationaux dû aux mesures anti-inflation.
Après deux années de restructuration, les compagnies aériennes maîtrisent par ailleurs mieux leurs coûts et ceux-ci ne devraient augmenter que de 8,1 % par rapport à l’année dernière. L’augmentation est principalement entraînée par le poste carburant, le jet fuel étant toujours élevé même si les prix ont baissé par rapport à 2022 et le « crack spread » s’est résorbé ces derniers mois.
Willie Walsh a également regretté que d’autres acteurs de la chaîne grèvent le rebond des compagnies aériennes. Les OEM notamment « ont été beaucoup trop lents à traiter les blocages de la chaîne d’approvisionnement qui augmentent les coûts et limitent notre capacité à déployer des avions. Les compagnies aériennes sont plus que frustrées. » Très remonté contre plusieurs aéroports et l’augmentation des charges de navigation en Europe, il a régulièrement pointé du doigt l’attitude de l’aéroport d’Amsterdam Schiphol durant l’assemblée générale, dénonçant le « désastre opérationnel » de 2022, l’augmentation des charges et le projet de réduction des capacités.
Pourtant, la tendance à l’augmentation des bénéfices de l’industrie devrait se poursuivre en 2024, le retour général aux niveaux de trafic de 2019 étant attendu cette année- là (sauf en Amérique du Nord et du Sud où cela devrait intervenir dès 2023).