Le groupe ADP a publié « des résultats solides et prometteurs » en 2023, selon les mots de son président Augustin de Romanet. Les aéroports du groupe ont accueilli 336,4 millions de passagers en 2023, en augmentation de 20 % par rapport à 2022 et revenant au niveau pré-covid. « La reprise est presque totale. » Voyant une normalisant de la dynamique de croissance, le groupe a par ailleurs actualisé ses prévisions pour 2024 et 2025 pour prendre en compte l’entrée en vigueur de la nouvelle taxe sur les grandes infrastructures de transport.
En 2023, le chiffre d’affaires a suivi la tendance haussière de la demande puisqu’il a gagné 17,2 % à 5,5 milliards d’euros. Aux côtés de la hausse du nombre de passagers, les résultats des commerces ont contribué à cette dynamique, avec un chiffre d’affaires par passager de 30,6 euros (+ 3,2 %) dans le programme Extime. L’EBITDA a augmenté de 14,8 % à 1,96 milliard d’euros et le résultat net part du groupe de 22,2 % à 631 millions d’euros. Financièrement, le groupe a donc de meilleurs résultats qu’avant la crise.
Au niveau du trafic, le tableau a un peu changé. Le retour au niveau de 2019 a été quasiment achevé au niveau groupe, porté par les performances de TAV Airports en Turquie sur son réseau international et GMR en Inde. En revanche, les aéroports parisiens restent à la traîne, principalement à cause de la chute du trafic intérieur. Celui-ci n’est qu’à 75 % de son niveau pré-crise, traduisant une modification structurelle des habitudes avec un usage plus raisonné de l’avion sur ce réseau mais aussi l’impact des grèves du contrôle aérien au premier semestre. Si la nouvelle n’est pas si mal accueillie par le groupe – le trafic international génère davantage de revenus -, elle rend plus impérieux encore le développement de l’intermodalité pour résoudre la question de l’alimentation des hubs d’Orly et CDG.
Le trafic low-cost est en revanche en hausse dans les aéroports parisiens et atteint 28 % du trafic (contre 22,3 % en 2019). Le groupe ADP y voit une forme de normalisation, introduite par le développement de Transavia – pour qui il doit créer les conditions de développement vers la zone Schengen et le sud de la Méditerranée -, celui de Vueling et d’easyJet.
Autre segment remarquable, celui de l’Asie. Si le trafic de et vers l’Asie a doublé par rapport à l’année dernière, il reste à seulement 68,8 % de son niveau de 2019, en raison de la levée plus tardive des restrictions de voyage par les pays asiatiques. Le trafic avec la Chine est notamment à seulement 28,5 % de son niveau de 2019 sur l’année, mais avec une croissance forte et continue au fur et à mesure des mois puisqu’il a fini à 59 % à la fin de l’année. Le groupe ADP anticipe une reprise totale en 2025 voire 2026, tout en gardant à l’esprit que les capacités ne se rétabliront pas facilement en raison de la distorsion de concurrence qu’entraîne la fermeture de l’espace aérien russe aux compagnies européennes mais pas chinoises.
Des perspectives ajustées
Pour 2024, le trafic passagers devrait connaître une nouvelle année de hausse, estimée à plus de 8 % au niveau groupe. Elle sera plus lente dans les aéroports parisiens, entre 3,5 % et 5 % en 2024 puis entre 2,5 % et 4 % en 2025. A plus long terme, cette croissance devrait se stabiliser autour de 1 % ou 1,5 % par an à Paris jusqu’en 2050, mais avec un mix trafic plus avantageux, davantage tourné vers l’international.
Au niveau financier, les prévisions antérieures avaient compté sans la nouvelle taxe française sur les grandes infrastructures de transport, de 4,6 % du chiffre d’affaires (hors produits de la sécurité et de la sûreté et avec une exemption de 120 millions d’euros). Le groupe explique que cette taxe aura un impact de 90 millions d’euros sur l’EBITDA en 2024. Pour compenser, il a décidé de hausses tarifaires, qui ont été approuvées par l’ART, de 4,5 % en moyenne – 1,5 % compensera l’inflation et 3 % compensera la moitié de la taxe. Le SCARA regrette cette décision : « l’esprit de la loi est de taxer les superprofits des gestionnaires d’infrastructure et non pas les usagers de ces infrastructures », indique le syndicat dans un communiqué.
Les objectifs actualisés du groupe ADP tablent sur une croissance de l’EBITDA de plus de 4 % en 2024 puis de plus de 7 % en 2025.