Les aéroports français continuent de remonter doucement la pente de la reprise après la crise liée à la pandémie de covid-19. A l’occasion de la présentation du bilan de ses membres, l’Union des aéroports français (UAF) constate que le trafic aérien en France continue d’augmenter mais reste encore inférieur à son niveau de 2019, signe de la profondeur de la crise. Il devrait le retrouver en 2024.
En 2023, près de 199 millions de passagers ont transité par les aéroports français, ce qui représente une hausse soutenue de 14,2 % par rapport à 2022, mais reste inférieur de 7,3 % à 2019. Le nombre de mouvements connaît une évolution comparable : à 1,75 million, il augmente de 5,9 % par rapport à 2022 mais reste en retrait de 10,9 % par rapport à 2019 – cet indicateur montre également une continuité dans la tendance bien établie à l’utilisation d’appareils avec une capacité d’emport plus importante et mieux remplis, qui permettent de réduire le nombre de mouvements pour transporter un nombre similaire de voyageurs.
La croissance du trafic a concerné toutes les régions, sauf la Bretagne – très dépendante du trafic intérieur qui ralentit fortement – et la Corse – qui avait repris plus rapidement en 2022.
L’UAF souligne que la croissance des parts de marché des compagnies low-cost se poursuit. Ces compagnies ont transporté 43,2 % des passagers enregistrés en 2023, pour 30 % du nombre de mouvements. Ce sont elles qui tirent la croissance en France métropolitaine.
L’autre constat de l’organisation professionnelle est que la croissance du trafic est entièrement portée par le trafic international, le trafic national étant en retrait par rapport à 2022 (de 1,7 %) en raison des mouvements sociaux et de la baisse des voyages d’affaires.
Thomas Juin, le président de l’UAF, estime que la croissance dans les années à venir va se poursuivre mais restera plus faible, en raison de la maturité des marchés et de la hausse des coûts. Cette dernière est liée notamment aux impératifs de décarbonation mais aussi de déploiement de nouvelles technologies en aéroport pour améliorer la qualité de service, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle et des équipements qui doivent permettre de fluidifier le trafic.
Dans ce contexte, l’UAF « considère qu’il n’y a pas de prise de conscience, de la part des pouvoirs publics notamment, des investissements massifs qu’il va falloir réunir dans le transport aérien pour assurer à la fois la décarbonation et la modernisation de nos plateformes ». La preuve, selon lui, de cette ignorance est la nouvelle taxe mise en place sur les infrastructures longue distance, contre laquelle l’UAF s’apprête à introduire une « question prioritaire de constitutionnalité ».
L’organisation s’inquiète par ailleurs elle aussi de la mise en place de l’EES (Entry exit system, qui prévoit un renforcement des contrôles aux frontières de l’Europe) prévue pour le début du mois de novembre. Le risque de bouchons aux frontières pourrait être tempéré par la mise en place de bornes en amont dans le parcours voyageur qui permettrait aux passagers de partager certaines données avant le passage aux contrôles aux frontières pour le fluidifier et le déploiement d’effectifs supplémentaires de police. Mais l’UAF s’inquiète que les effectifs déployés pour les Jeux olympiques ne puissent ne pas être maintenus par la suite. « La situation actuelle n’est pas satisfaisante pour s’engager sur l’échéance » avancée, déclare Thomas Juin, faisant écho à l’appréhension déjà exprimée par le président du groupe ADP Augustin de Romanet à ce sujet.