Alors qu’Air France se prépare depuis deux ans à « accueillir le monde dans ses avions » à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques (JOP), le monde semble réticent à venir visiter Paris cet été. La compagnie française et sa filiale Transavia France constatent en effet « une pression sur les recettes unitaires attendues pour la saison été », résultat d’un « comportement significatif d’évitement de Paris », indique le groupe le 1er juillet.
Il explique que le trafic prévu au départ et à destination de la capitale est inférieur à celui des autres grandes villes européennes, avec une tendance des voyageurs internationaux à contourner Paris et une tendance des voyageurs français à reporter leur voyage ou à recourir à des moyens de déplacement alternatifs. En revanche, le niveau des réservations est plus encourageant à partir de la fin du mois d’août.
Air France-KLM s’attend ainsi à ce que l’événement sportif ait un impact financier négatif de 160 à 180 millions d’euros sur la saison été.
Une préparation au long cours
Pourtant, Air France s’était préparée pour accueillir des centaines de milliers de visiteurs dans les meilleures conditions. Plus d’un millier d’opérationnels – 850 PNC et 250 agents d’escales – ont été intégrés en contrats saisonniers pour le pic de l’été, le nombre d’avions de réserve a été porté au niveau inédit de quinze appareils (sept long-courriers et huit monocouloirs) pour pallier toute perturbation en cas de panne.
Le groupe a imaginé et s’est adapté à un scénario estimant les flux, imaginant les parcours passagers et les matériels et ressources nécessaires pour gérer le tout en s’assurant une marge élevée de robustesse. Il s’est notamment préparé à faire face à des pics très marqués de passagers, principalement à la fin des jeux olympiques avec le départ simultané de la plupart des athlètes autour du 12 août – « il faut imaginer une ville de 15 000 habitants qui déménage en deux jours et demi », avait dépeint Edward Arkwright, directeur général exécutif du groupe ADP, lors du Paris Air Forum en juin. Tout au long de l’événement, une cellule de surveillance spécifique sera active, travaillant avec le centre de contrôle des opérations et avec le groupe ADP.
La question des bagages a également été une grande source de réflexion, sachant qu’un athlète transporte parfois quatre fois plus de bagages qu’un passager habituel, dont au moins un hors format. Cela pourrait provoquer un flux de bagages hors format à traiter jusqu’à dix fois plus élevé qu’en temps normal – d’où la mise en place d’un parcours spécifique avec le groupe ADP, avec la possibilité pour les délégations de s’enregistrer et déposer leurs bagages au village olympique, et avec un terminal dédié à Paris Charles de Gaulle.
Depuis plusieurs mois, Air France répétait qu’elle ne s’attendait pas à ce que les JOP lui apportent davantage de passagers. Ils interviennent en effet dans une période où le trafic est traditionnellement à son plus haut niveau, sans que les capacités soient extensibles, et alors que la demande devrait revenir cette année à son niveau de 2019. Par ailleurs, la compagnie était déjà consciente que l’attrait pouvant être exercé sur les visiteurs étrangers ayant des billets pour les épreuves allait être au moins partiellement compensé par la décision d’autres passagers d’éviter de potentielles difficultés supplémentaires.
Ses préparatifs et son désir de montrer le savoir-faire français profiteront en tout cas pleinement aux délégations olympiques. Air France estime que 20 % des athlètes emprunteront ses lignes pour se rendre sur leur lieu de compétition (15 % des athlètes olympiques et 35 % des athlètes paralympiques).