C’est une petite révolution qui se prépare dans le monde de l’avionique civile. À l’image de la suppression des circuits pneumatiques et hydrauliques qui sont progressivement remplacés par des systèmes électriques, de nombreux câblages liés à l’avionique vont bientôt pouvoir être remplacés par des systèmes de communication sans fil à courte portée (- de 100 mètres).
L’Union Internationale des Télécommunications (UIT), institution faisant partie de l’ONU a approuvé lors de sa dernière Conférence mondiale des radiocommunications en novembre (CRM-15), l’usage d’une bande de fréquences pour les systèmes de communications hertziennes entre équipements avioniques (WAIC – Wireless Avionics Intra-Communications). Les WAIC pourront ainsi utiliser une bande de fréquences comprises entre 4200 et 4400 MHz.
De nombreux avionneurs et équipementiers mondiaux, regroupés au sein de l’AVSI (Aerospace Vehicle Systems Institute) travaillaient sur le sujet depuis plus de 8 ans. Les applications sont innombrables : apport de redondances supplémentaires, liaisons pour des capteurs de pression – température – humidité, détection de formation de glace, capteur de pression des pneumatiques, vérification de la position des atterrisseurs, de trappes diverses …
Les dernières générations d’appareils (A380, 787, A350) utilisent déjà une multitude de capteurs répartis sur l’ensemble de leur structure, par exemple pour surveiller en temps réel l’intégrité structurelle d’éléments de fuselage composés de matériaux nouveaux. L’exemple sur un appareil de la taille de l’A380 est frappant. Alors que le Super Jumbo européen aligne plus de 100 000 câbles d’une longueur cumulée de 470 km pour une masse de 5,4 tonnes, il faut encore y ajouter plus d’une tonne et demie d’éléments supplémentaires rien que pour fixer le harnais à la structure de l’appareil. Avec l’utilisation de capteurs sans fil sur certains systèmes, Airbus pourrait envisager un gain de masse de l’ordre de 30%, soit pratiquement deux tonnes par avion.
Dans la dernière édition de la revue interne Forum publiée par Airbus Group, on apprend qu’Airbus Helicopters travaille aussi déjà sur l’utilisation des WAIC, notamment sur des systèmes de surveillance de l’état de la cellule, comme la mesure des vibrations structurelles induites par le rotor.
L’utilisation des WAIC va donc se démocratiser, apportant notamment une plus grande fiabilité des systèmes et un gain de masse, synonyme de réduction de la consommation de carburant et d’émissions induite de CO2.
Mais les avantages ne s’arrêtent pas là. L’assemblage des sous-ensembles va être simplifié, apportant un gain notable dans les opérations de production. Mieux, il concernera aussi la MRO qui doit souvent faire appel à de très couteux STC quant aux modifications effectuées au sein des cabines. Les communications au sein de la cabine, l’activation de systèmes oxygène pour les passagers, l’éclairage ou encore la détection des fumées sont autant d’applications qui sont concernées.