Quelques heures seulement après avoir quitté l’usine Snecma de Villaroche en région parisienne la semaine dernière, les deux réacteurs LEAP-1A destinés au premier Airbus A320neo de série motorisé par CFM International ont été livrés au centre d’intégration d’Aircelle à Colomiers, à proximité immédiate des installations de l’avionneur européen. La compagnie aérienne de lancement est évidemment connue, mais n’a pas encore souhaité officialiser la réception de cet appareil qui devrait intervenir en juillet.
Aircelle est en charge de l’ensemble de la conception de la nacelle et de son intégration sur le LEAP-1A, ainsi que de la livraison de l’ensemble propulsif à Airbus. La filiale du groupe Safran spécialisée dans les nacelles est par ailleurs aussi en charge de l’installation poussée de l’ensemble de l’habillage moteur (EBU – Engine Built Up) fourni par l’Américain MRAS (Middle River Aircraft Systems), filiale de GE.
« Contrairement à ce que l’on pourrait penser, une nacelle ce n’est pas de simples capots » annonce Jean-Paul Alary, le PDG d’Aircelle en marge de la cérémonie liée à la livraison des deux premiers ensembles propulsifs de série le 15 avril. « C’est un système complexe qui incorpore un grand nombre de fonctions hautement technologiques en terme d’intégration. Elle s’intercale dans un environnement complexe, entre le motoriste, l’avionneur, le concepteur du mât » poursuit-il.
Le PDG d’Aircelle rappelle aussi qu’une nacelle à plusieurs fonctions. L’aérodynamique tout d’abord, aussi bien à l’extérieur que dans la veine interne. Elle catalyse l’air pour l’amener dans les meilleures conditions à l’intérieur du moteur, optimisant ses performances. À l’inverse, Aircelle est aussi responsable de la tuyère primaire du LEAP-1A.
La nacelle dispose aussi d’une application critique, l’inverseur de poussée. Jean-Paul Alary précise que les nacelles du LEAP-1A bénéficient notamment de tout le savoir-faire acquis sur les avions de nouvelle génération et en particulier sur l’A380 ou les nacelles des Trent 900 et des GP7200 affichent un taux de fiabilité record à 99,99. Comme pour l’A380, les nacelles de l’A320neo sont équipées d’inverseurs à grilles.
La nacelle est par ailleurs en contact avec deux environnements sévères ; celui du moteur (chaud) et l’environnement extérieur, avec ses risques d’impact aviaire ou les possibilités d’opérations au sol mal réalisées. Aircelle a ainsi atteint les 60% de matériaux composites pour la nacelle de l’A320neo, permettant de réduire sa masse compte tenu des dimensions évidemment plus importantes au regard du diamètre de la soufflante.
« Mais ce que l’on ne peut pas voir, c’est les traitements acoustiques » ajoute Jean-Paul Alary. « Nous avons des traitements particuliers, différentes architectures. Nous devons absorber de plus en plus de bruit, compte tenu de la réglementation. » Aircelle a ainsi largement accru la surface acoustique de la nacelle en y apposant des traitements à des emplacements ou il était jusqu’à présent impossible d’en mettre. Cela représente une surface acoustique totale de 9 m2. Toute la veine intérieure est ainsi dotée de perçages, de structures en nid d’abeilles, pour absorber le bruit.
Les procédés de fabrication ont aussi été optimisés pour permettre d’améliorer les « steps & gaps », les ruptures aérodynamiques entre les différents composants, afin d’avoir une nacelle affichant une finesse record, améliorant encore la performance globale de l’ensemble propulsif.
Enfin, tout a été mis en place par Aircelle pour répondre au « ramp-up » du LEAP. Comme le souligne Jean-Paul Alary, Aircelle aura réalisé en moins de trois ans ce qui aura été accompli sur le CFM56-5B en trente ans. Robotisation, ergonomie des postes de travail, optimisation du flux, il s’agit d’une véritable transformation industrielle qui améliorera aussi le niveau de qualité des nacelles. À titre d’exemple, l’intégration finale du réacteur dans sa nacelle ne prend qu’une dizaine de minutes, contre plus d’une heure pour le CFM56. Trois ensembles propulsifs complets devront ainsi sortir chaque jour du centre d’intégration d’Aircelle à horizon 2018.