Verra-t-on bientôt le grand retour des avions ATR aux États-Unis ? En tout cas, les premières retombées de la récente campagne nord-américaine menée par un ATR-72-600 durant une quinzaine de jours semblent déjà très positives. Il faut dire que tout semble aller dans ce sens aujourd’hui, compte tenu des évolutions du maillage aérien dans la région.
Un tiers des vols régionaux opérés par les compagnies américaines n’atteint en effet pas les 300 miles (500 km). Pire, 400 lignes ont été supprimées depuis 10 ans compte tenu des impératifs de rentabilité des compagnies américaines et de la concentration du secteur. Nombre d’aéroports de deuxième et troisième catégorie ont ainsi vu leur nombre de destinations s’effriter, ne laissant à leurs passagers que des possibilités de transport par la route ou par le train.
Autre constat dressé par l’avionneur détenu à parts égales entre Airbus Group et Leonardo (ex-Finmeccanica), 300 avions régionaux turbopropulsés accusent une moyenne d’âge supérieur à 21 ans. Cette flotte sera inéluctablement amenée à être remplacée dans les prochaines années par des appareils qui n’ont d’ailleurs plus grand-chose à voir avec ceux introduits au milieu des années 90, au grand bonheur des passagers américains.
La tournée américaine a ainsi permis de présenter la dernière génération d’ATR à Toronto, White Plains, Hyannis, Charlotte (pour la convention de la Regional Airline Association), Dallas, Seattle et Cincinnati. Il n’est évidemment pas très difficile de deviner quelles ont été les compagnies américaines qui ont pu regarder de près la nouvelle série -600. Espace comparable, voire supérieur à celle d’un jet régional en cabine, ambiance sonore réduite ou encore large capacité des coffres à bagages sont autant d’atouts apportés par l’introduction de la cabine Armonia.
Mais ATR s’est aussi particulièrement adapté aux particularités du marché. Bien sûr, ses appareils peuvent être équipés d’une porte d’accès passager à l’avant, un prérequis obligatoire pour pouvoir intéresser un opérateur américain. Les fameuses « scope clauses », qui régissent les accords syndicaux des transporteurs en fonction des capacités, ont aussi été particulièrement étudiées, ATR n’imaginant pas placer que des ATR 42 aux États-Unis.
Ainsi, selon l’avionneur, un ATR 72-600 aménagé avec une cabine de seulement 50 sièges (porte passager à l’avant, classe affaires…) resterait ainsi largement compétitif par rapport à un ATR 42 sur une ligne de 300 miles (augmentation de 11% seulement du carburant nécessaire), loin devant tout jet régional de 50 ou 70 sièges.
Enfin l’avionneur franco-italien peut aussi s’appuyer sur ses capacités de formation de pilotes avec son centre de Miami, aujourd’hui tourné vers les besoins des compagnies latino-américaines, afin de répondre à la pénurie de personnel navigant touchant l’aviation régionale aux USA.
Pour ATR, cette longue campagne américaine en valait vraiment la peine. Et tout porte à croire que les ATR de la série -600 pourront un jour créer de nouvelles opportunités pour le maillage régional des États-Unis. Les besoins sont estimés à près de 500 avions.