La transformation digitale menée par Airbus Group depuis 2015 au sein de ses différentes entités commence à porter ses fruits. Marc Fontaine, récemment nommé à la tête de la transformation digitale du groupe aéronautique européen, a profité des Airbus Innovation Days organisées à Hambourg la semaine dernière, pour présenter la stratégie et les différentes étapes de sa mise en place au sein de l’avionneur.
Pour Marc Fontaine, la digitalisation va bien entendu « améliorer les relations entre Airbus et ses partenaires, ses clients, ses sous-traitants ». Elle va surtout évidemment aussi être une source de développement du chiffre d’affaires et de création de richesses dans une logique de nouvelles opportunités B2B2C.
Marc Fontaine concède d’ailleurs que cette révolution a déjà touché bien d’autres secteurs, mais que la digitalisation arrivait désormais à grands pas dans l’industrie aéronautique. D’une façon générale, la digitalisation permet d’accroître le chiffre d’affaires d’une activité de 9% tout en augmentant sa rentabilité de 26%. « La digitalisation offre un gros potentiel, mais elle accompagne aussi la transformation générale du monde de l’entreprise » ajoute-t-il. Selon lui, les hiérarchies sont en train d’évoluer avec les nouvelles générations pour adopter des structures « plus agiles, plus transverses ».
Pour Marc Fontaine, la méthodologie est relativement simple : après avoir identifié les applications potentielles et les technologies adéquates, l’approche est de vérifier tous les 6 mois si l’investissement vaut vraiment le coup, de manière itérative. « Sinon on passe à autre chose » prévient-il.
Mais la digitalisation dépasse de loin le seul domaine de la production, pouvant ainsi créer de la valeur au niveau des produits en eux même, pour le support ou pour la relation client. Airbus a ainsi identifié huit grands domaines et lancé plus de 450 initiatives dans lesquels la transformation digitale a du sens.
On citera notamment des applications comme les Smart Glasses pour la FAL A330, des robots à guidage autonomes pour des opérations de perçage, une salle de contrôle entièrement numérique, des applications de gestion de connaissances sous format vidéo ou encore une chaine de production en impression 3D pour des éléments en métal ou en polymères. La fabrication additive ne cesse d’ailleurs de prendre de l’ampleur au sein de l’avionneur, qui a déjà ainsi produit plus d’une centaine de pièces en titane et plus de 12000 éléments en plastique. « Certaines de ces pièces vont d’ailleurs voler cette année » précise Marc Fontaine.
Une autre application est l’usage d’une solution open source d’analyse de données au niveau des services de support pour les Airbus A350, une solution très bientôt aussi déployée sur la famille A320. L’analyse massive de données conduira d’ailleurs directement vers l’Avion Digitale (Digital Aircraft Platform), fruit du recueil de différents silos de données mis en place ces dernières années dans le cadre d’une approche fonctionnelle (Engineering, Manufacturing, Service clients) pour l’ensemble des programmes.
Airbus est ainsi en train de creuser un immense lac de données qui, structurées et analysées dans une logique Big Data, pourront conduire dès la fin de la décennie à une nouvelle organisation des informations au niveau de chaque programme (A320, A330, A350 et A380), offrant ainsi de toutes nouvelles perspectives et de toutes nouvelles opportunités.