Le vol inaugural de l’A330-900 à Toulouse le 19 octobre a été l’occasion pour quelques journalistes de s’entretenir avec Fabrice Brégier. Le président d’Airbus Commercial Aircraft a ainsi fait le point sur la nouvelle famille A330neo, mais est aussi bien évidemment revenu sur le très récent partenariat stratégique signé avec Bombardier pour la famille CSeries.
Fabrice Brégier s’est tout d’abord exprimé sur l’événement du jour, un premier vol étant toujours un moment exceptionnel pour un avionneur. Il a souligné que l’A330neo était très différent de l’A330ceo, par sa motorisation bien sûr, mais aussi par les modifications intervenues au niveau de la voilure. « Nous avons appris de l’A350 et nous avons vraiment optimisé cet avion, qui se positionne sur le marché du 787 en terme de consommation en carburant par siège, ce qui est très impressionnant, une amélioration de 14% comparé aux appareils de la génération précédente. »
Il a aussi rappelé que ce programme avait été développé en un temps record, avec des premiers travaux intervenus à la fin de l’été 2014 et alors que la première livraison, pour la compagnie portugaise TAP, est attendue autour de l’été prochain. Pour Fabrice Brégier, le marché de l’A330neo est « énorme », car en plus d’être un avion régional « fantastique », il est aussi en train de devenir un véritable long-courrier, car en réduisant la consommation de carburant, la famille A330 a logiquement gagné en rayon d’action.
Une masse maximale au décollage augmentée de 9 tonnes à partir de 2020
« Mais j’ai aussi un scoop pour vous, nous avons aussi décidé d’accroître une nouvelle fois la masse maximale au décollage de 242 tonnes – celle aujourd’hui en vigueur – à 251 tonnes ». L’A330neo à masse accrue devrait être disponible aux alentours de la mi-2020. Fabrice Brégier nous a expliqué que ce délai était lié au fait que des modifications devraient être apportées à la famille A330neo au niveau du train d’atterrissage, des freins, ainsi qu’à d’autres éléments.
« Il nous faut un peu de temps pour que ces modifications soient mises en oeuvre et pour que cet appareil puisse voir son rayon d’action augmenter de l’ordre de 700 nautiques (1300 km) par rapport à celui qui vient de voler » a-t-il précisé. « En allongeant son rayon d’action, l’A330neo pourra ainsi relier Kuala Lumpur à Londres sans escale avec le plein de passagers » a-t-il dévoilé. Un message non dissimulé à l’une des compagnies aériennes basées à Sepang. Les A330-900 et -800 sont aujourd’hui annoncés avec un rayon d’action respectif de 6 650 et 7 500 nm dans des configurations triclasses.
« C’est vraiment un appareil polyvalent, avec un coût en capital inférieur à celui d’un appareil produit en matériaux composites comme l’A350 ou le 787. Il est le complément idéal de notre gamme, car il est évidemment moins cher, mais aussi légèrement moins capacitaire que l’A350-900 ».
Le président d’Airbus Commercial Aircraft mise beaucoup sur le marché du remplacement des actuels A330 en service, ce qui pourrait permettre de stabiliser la FAL A330 à sa cadence d’aujourd’hui (6 appareils par mois). « Quand on ajoute le programme A350, je pense que nous pourrons atteindre notre objectif de dominer le marché des gros-porteurs, comme nous dominons déjà celui des monocouloirs ».
« Nous couvrirons tout le marché entre 100 et 600 sièges »
Mais Fabrice Brégier n’a pas manqué de revenir sur l’annonce magistrale de la semaine, le partenariat stratégique avec Bombardier qui lui permet de s’emparer de la famille CSeries.
« Nous avons maintenant un nouveau partenaire, Bombardier, et nous aurons bientôt une nouvelle famille d’avions qui viendra rejoindre la gamme Airbus », s’est félicité le numéro deux de l’avionneur européen. « À la fin de l’année prochaine, nous couvrirons tout le marché compris entre 100 et 600 sièges, sans aucun trou dans la gamme. C’est vraiment quelque chose d’unique. »
Il explique aussi que ce partenariat permet aussi à Airbus d’accroître encore son empreinte mondiale. « Nous étions principalement européens puis nous nous sommes étendus en Chine et aux États-Unis, car les marchés sont là. Maintenant, avec le CSeries, nous nous étendons aussi au Canada et nous renforçons nos activités aux États-Unis avec Bombardier, car nous allons investir dans une nouvelle ligne d’assemblage CSeries à proximité de notre site industriel en Alabama. »
Le président d’Airbus Commercial Aircraft ajoute que ce partenariat va rajouter de la confiance dans le programme pour les compagnies aériennes, « car c’est un bon appareil et nous allons le prendre en charge, le supporter et l’améliorer sur le long terme ». Il annonce aussi que la reprise de la famille CSeries devrait stimuler le marché et augmenter le nombre d’avions vendus.
Quant aux écarts de prix pouvant être pratiqués par les fournisseurs de Bombardier comparativement à Airbus, Fabrice Brégier s’est montré très clair : « Nous allons amener de la crédibilité et du volume et nous allons attendre de la supply chain que leurs contrats reflètent nos efforts et soient conformes avec ce que nous connaissons chez Airbus ».