Airbus a inauguré le 14 juin à Hambourg Finkenwerder sa quatrième ligne d’assemblage finale allemande pour la famille A320, une nouvelle ligne de production particulièrement innovante qui contribuera grandement à la poursuite du fameux ramp-up, rendu de plus en plus nécessaire au regard de l’impressionnant backlog de plus de 6000 monocouloirs qui reste à résorber.
La nouvelle ligne d’assemblage final des appareils de la famille A320 va progressivement monter en cadence pour atteindre les 10 avions par mois d’ici-mi 2019, c’est-à-dire avec un takt-time de 2 jours, l’équivalent de celui de chacune des 3 autres lignes de production de monocouloirs déjà présentes en Allemagne. En y ajoutant ceux assemblés à Toulouse, à Tianjin (Chine) et à Mobile (Alabama), l’avionneur européen est donc en route pour atteindre les 60 exemplaires par mois l’année prochaine.
Pour Guillaume Faury, le nouveau Président d’Airbus Commercial Aircraft, cette nouvelle ligne « ouvre un nouveau chapitre dans le domaine de la production aéronautique », avec une production « plus efficiente et digitale ». Il rappelle aussi qu’au tout début du programme A320, les meilleures hypothèses prévoyaient une production totale de l’ordre de 700 exemplaires, à comparer au 14 228 exemplaires vendus aujourd’hui. Il a aussi tenu à souligner que malgré sa haute technicité, cette nouvelle ligne d’assemblage a été conçue avec l’employé « in mind », c’est-à-dire en optimisant tous les processus pour améliorer l’environnement de travail des opérateur sur la FAL.
La nouvelle ligne d’assemblage a introduit de nombreuses technologies d’automatisation au sein d’Airbus, à l’instar de deux robots 7 axes automatisés pour la jointure des différents tronçons de fuselage ou des multiples plateformes mobiles baptisées MTP (mobile tooling plateforms) qui accompagnent et positionnent les avions durant leur assemblage, tant qu’ils ne reposent pas sur leurs atterrisseurs.
Comme le souligne Klaus Röwe, le directeur des programmes de la famille A320, Airbus a commencé à imaginer cette ligne d’assemblage en 2015. Les choses se sont ensuite vite accélérées et ce qui n’était qu’un hangar vide il y a 14 mois a commencé à se transformer. Aujourd’hui le premier avion est en cours de livraison et sept appareils sont désormais en FAL.
Évidemment, tout n’a pas été simple concède Klaus Röwe. « D’ailleurs si cela l’avait été on nous aurait reproché de ne pas être suffisamment avant-gardistes ». Il indique aussi que la nouvelle ligne d’assemblage a en fait été ouverte discrètement l’année dernière. « Nous voulions vraiment arriver à maturité (…) et ne pas être dans le rush » a-t-il précisé.
« Le ballet des A320 » a commencé
La nouvelle ligne d’assemblage A320 a élu domicile dans les gigantesques halls H213 et H214 qui étaient originalement dédiés aux travaux de finition des A380. L’architecture de ce bâtiment n’était logiquement pas particulièrement adaptée à la mise en place d’une ligne de production, généralement construite en longueur pour un assemblage linéaire. « Ici la ligne droite c’est fini ! » a commenté Olaf Lawrenz, le directeur des différentes FAL A320 d’Airbus à travers le monde.
Si la logique des différentes étapes de l’assemblage par station demeure dans cette 4ème FAL, les appareils et les bâtis mobiles qui les accompagnent peuvent se déplacer dans toutes les directions, notamment après l’assemblage complet du fuselage, c’est-à-dire en Station 40 (jonction voilure-fuselage). « C’est un vrai ballet à l’intérieur du hangar », témoigne ainsi Olaf Lawrenz, quelques minutes avant notre visite de la nouvelle ligne de production.
Les différents éléments sont tout d’abord réunis aux Postes 44, 43 et 42 pour le préassemblage et le positionnement des éléments (tronçons de fuselage, pose des Sharklets sur la voilure, installation du VTP). À noter que c’est aussi à cette étape qu’est désormais installé le train avant grâce à un nouveau chargeur automatisé.
L’assemblage des différents tronçons de fuselage est ensuite réalisé par deux énormes robots placés un peu plus loin au Poste 41 et déjà affectueusement baptisés « Luise » et « Renate », leurs initiales signifiant « Left » et « Right ». Ces deux robots 7 axes sont dédiés au pré-perçage, au perçage, au fraisage et au positionnement des fixations. Le passage du fuselage du Poste 41 au Poste 40 se fait linéairement entre le Hall 214 et le Hall 213. Airbus a pour se faire dû percer une ouverture adaptée dans le mur séparant les deux hangars.
La station 40 est quant à elle entièrement mobile, chacun des MTP venant se positionner automatiquement avec une précision de l’ordre de 0,2mm grâce à un système de mesure dynamique avec lasers de poursuite. La précision du déplacement des différentes plateformes d’outillages mobiles est d’autant plus nécessaire qu’il existe un risque d’effort en torsion lors du déplacement de l’ensemble, notamment pour ensuite venir se placer en Poste 35 et 25 où seront réalisés les essais et l’installation de la cabine, les essais hydrauliques, les essais d’étanchéité des réservoirs carburant ainsi que les essais de pressurisation.
Les appareils, qui reposent désormais sur leurs atterrisseurs, doivent enfin sortir tractés du hangar H213 par l’extérieur pour réintégrer le H214 et venir ainsi intégrer les deux postes 17 et 21 où seront installés les moteurs et réalisés les derniers travaux d’installation de la cabine et les tests finaux (où est ici stationné ce futur A321neo destiné à Primera Air). Ces dernières étapes sont toutefois très similaires à ce qui est déjà pratiqué sur les autres lignes de production à ce stade des opérations d’assemblage même si Airbus y a ajouté un système de boîte à outils électronique. L’appareil partira ensuite en peinture et rejoindra les équipes des essais en vol avant la livraison au client.
Inauguration de l’extension du Delivery Center des monocouloirs de Finkenwerder
Airbus a d’ailleurs profité de l’ouverture de sa huitième ligne de production d’A320 pour inaugurer officiellement aussi l’extension du Delivery Center de Finkenwerder dédié aux monocouloirs, désormais baptisé Walther Blohm en hommage à cet ingénieur natif de la ville de Hambourg, indissociable de la renaissance des chantiers navals Blohm + Voss et de sa division aéronautique dans les années 50.
La Hamburger Flugzeugbau, qui était implantée à Finkenwerder, fera d’ailleurs ensuite partie de MBB (Messerschmitt-Bölkow-Blohm) avant d’intégrer Airbus. C’est Walther Blohm qui contribuera à la fabrication sous licence des Noratlas et Transall ou au lancement du petit jet HFB 320 Hansajet par exemple.
Le centre de livraison a été modernisé pour accueillir 3 nouvelles baies avion supplémentaires (13 au total) ainsi que de nouvelles salles de réunion, des salons dédiés aux clients ainsi qu’un restaurant.