Boeing vient de publier ses résultats trimestriels, mais n’a pas souhaité à ce stade modifier ses prévisions financières pour l’année. Pour l’instant, l’impact de l’immobilisation et de l’arrêt des livraisons du programme 737 MAX n’est pas encore significatif pour les résultats de l’avionneur américain, la crise du monocouloir remotorisé ne concernant qu’une partie du mois de mars.
Boeing précise cependant que ses nouveaux objectifs pour l’année seront annoncés « à une date ultérieure », peut-être le 29 mars lors de la réunion annuelle de l’avionneur avec ses actionnaires.
Le groupe américain affiche ainsi une petite baisse de son chiffre d’affaires pour les trois premiers mois de l’année à 22,917 milliards de dollars (-2%) pour un bénéfice net de 2,35 milliards de dollars (-13%). Ces baisses reflètent la réduction des livraisons de la famille 737, mais ont été compensées par des plus importants volumes d’affaires au niveau de sa branche Défense et au niveau des services.
Boeing publie cependant une baisse de trésorerie de l’ordre de 900 millions de dollars en trois mois, une somme qui pourrait être directement liée à la hausse des coûts de production du 737 MAX. Il en va de même au niveau des dettes qui ont progressé d’un montant du même ordre depuis le début de l’année.
Pour l’activité Avions Commerciaux seulement, Boeing annonce avoir livré 149 appareils au premier trimestre contre 184 pour la même période l’année dernière. Le chiffre d’affaires de BCA n’est pourtant en baisse que de 9% à 11,82 milliards de dollars grâce à l’augmentation des cadences du 787 (désormais portées à 14 appareils par mois). De même, la marge opérationnelle affiche une baisse de 1 point à 9,9% sur le trimestre, l’impact de la baisse des livraisons des monocouloirs étant partiellement compensé par une amélioration de la marge opérationnelle sur la famille Dreamliner.
Les bénéfices nets de la branche avions commerciaux de Boeing affichent ainsi une baisse de 17% sur le trimestre à 1,173 milliard de dollars, contre 1,412 milliard un an plus tôt. Pour rappel, Boeing n’a livré que 77 appareils de la famille 737 (737NG + 737 MAX) au premier trimestre, en excluant les appareils militaires.
De nombreux analystes financiers avaient déjà prévu une baisse dans leurs prévisions de bénéfices concernant l’avionneur américain suite à l’annonce début avril de la réduction des cadences d’assemblage du monocouloir remotorisé à Renton, qui sont passées de 52 exemplaires par mois à 42.
Boeing prévoyait au contraire d’augmenter la production du 737 à 57 exemplaires par mois pour le milieu de l’année, avec un objectif total de livraisons compris entre 895 et 905 appareils sur l’année dont plus d’une quarantaine d’appareils de la famille 737 supplémentaires (580 en 2018).
Bank of America Merrill Lynch a quant à elle même réduit ses prévisions de bénéfices pour les quatre prochaines années, s’attendant à une perte de réputation du 737 MAX et à une diminution induite de sa part de marché à long terme. Pour l’instant, seule Garuda Indonesia s’est officiellement prononcée sur une possible annulation de sa commande de 737 MAX, un contrat qui pourrait cependant être transformé en faveur d’autres appareils de l’avionneur américain. La compagnie indonésienne devait réceptionner 49 exemplaires du 737 MAX 8.
Évidemment, les conséquences du 737 MAX sur les résultats de Boeing ne prennent pas encore en considération les indemnisations des compagnies aériennes qui ont été forcées à immobiliser leurs avions, les pénalités de retard pour le report des livraisons programmées ou encore les probables enquêtes judiciaires qui pourraient être conduites en lien avec les deux accidents.