Airbus lance fello’fly, un projet s’inspirant des vols en formation des oiseaux migrateurs pour réduire l’empreinte carbone des avions commerciaux. Cette approche biomimétique pourrait générer d’importantes réductions en consommation de carburant.
Airbus a profité du salon aéronautique de Dubai pour annoncer le lancement d’une nouvelle initiative visant à réduire la consommation en carburant des avions commerciaux et en particulier pour le secteur des vols long-courriers.
Baptisé « fello’fly », ce projet s’inspire des vols en formation des oiseaux migrateurs en venant faire récupérer par un avion suiveur une partie de l’énergie perdue par les tourbillons générés par la portance d’un avion leader. L’idée n’est pas nouvelle, mais l’initiative fello’fly pose désormais des jalons concrets pour y parvenir, avec une campagne d’essais qui sera mise en place dès l’année prochaine pour identifier les différents besoins opérationnels nécessaires à la viabilité des solutions pouvant être adoptées par les compagnies aériennes. Il faut dire que le gain en consommation de carburant est substantiel, avec des économies visées comprises entre 5 et 10% sur les vols long-courriers.
Sandra Bour Schaeffer, directrice de l’activité Démonstrateurs chez Airbus annonce d’ailleurs que des essais ont déjà été réalisés en faisant voler un A350-900 dans le sillage d’un A380 (photo ci-dessus), avec un gain en consommation de carburant qui a atteint près de 12%. La campagne d’essais qui sera menée l’année prochaine concernera cette fois deux A350, en collaboration avec des compagnies aériennes, des fournisseurs de contrôle du trafic aérien (ATC) et bien sûr des autorités concernées. Airbus vise en priorité les vols océaniques, avec une solution qui pourra être disponible avant 2025.
La directrice de l’activité Démonstrateurs chez Airbus, qui a d’ailleurs mené les essais en vol de l’A320neo pour sa certification, confirme évidemment que l’apport de cette initiative ne concerne bien évidemment que l’avion suiveur, mais fello’fly pourra aussi comprendre un volet concernant le partage des gains au niveau de l’industrie toute entière.
Sandra Bour Schaeffer annonce aussi que le but de ces essais sera de fournir une information de positionnement précise aux pilotes pour profiter au mieux du sillage de l’avion le précédant, dans une zone située à seulement 3 km (1,6 nautique) et avec un offset défini (espacement latéral), le tout en préservant évidemment le confort des passagers en termes de turbulences. Il s’agit d’une distance de séparation particulièrement faible dans le monde du transport aérien et en particulier en croisière, même si elle ne manque pas d’avertir qu’il ne s’agit pas à proprement parler d’un vol en formation comme on peut en voir dans l’aviation militaire par exemple. Elle précise aussi que l’assistance qui sera fournie au pilote utilisera les systèmes déjà présents à bord les appareils commerciaux de l’avionneur.
Evidemment, les inconnues semblent à ce stade encore très nombreuses sur le plan opérationnel aujourd’hui (distance de séparation constante, avions maintenant la même vitesse et la même altitude, absence de couverture radar en zone océanique…) et fello’fly n’est encore qu’un projet de démonstrateur technologique. Mais cette initiative pourrait bien venir soutenir l’ambitieux objectif fixé par l’OACI (et partagé par Airbus) de réduire les émissions de 50% des avions commerciaux d’ici 2050 (CAEP).