La décarbonation de l’aviation dépendra grandement, on le sait, du taux de renouvellement des appareils au sein des flottes des compagnies aériennes. Moins gourmands en carburant, les avions commerciaux de nouvelle génération émettent logiquement aussi moins de CO2 que ceux qu’ils remplacent. Mécaniquement, la quasi-totalité de la flotte mondiale aura été entièrement remplacée en 2050, contribuant de près d’un tiers au zéro émission nette compatible avec les objectifs de la COP21. La consommation des appareils doit ainsi être réduite de l’ordre de 1% par an en moyenne (avancées technologiques sur la propulsion, l’électrification des systèmes, l’optimisation de l’aérodynamique, gain de masse..) avec l’arrivée de nouveaux programmes.
Le lancement du programme de remotorisation de la famille A320 d’Airbus en 2010, avec aujourd’hui pratiquement 2000 exemplaires livrés aux quatre coins du globe (sur plus de 7500 commandés), en est d’ailleurs la parfaite illustration. En témoigne le « Aviation Carbon Emissions Index » récemment dévoilé par le cabinet britannique IBA en collaboration avec KPMG qui montre une réduction quasiment constante de l’efficacité de la flotte mondiale depuis 2018, une tendance évidemment bousculée par la pandémie mais qui se confirme d’autant plus que les avions les plus anciens et les plus polluants sont aujourd’hui parqués ou définitivement retirés.
L’Aviation Carbon Emissions Index d’IBA et KPMG permet aux compagnies aériennes, aux loueurs et aux banques de comparer leurs flottes/portefeuilles sur la base des émissions de chaque siège passager disponible en fonction des vols réalisés (appareil, motorisation, configuration…).
La famille A320neo d’Airbus est logiquement celle qui affiche les gains les plus significatifs en termes de part d’émissions totales de CO2 pour la flotte mondiale, alors que sa représentativité est passée de 1% à 4% entre 2018 et septembre 2021. Les A320neo ont été particulièrement actifs durant la pandémie, alors que nombre d’autres appareils ont dû être immobilisés sur la période. Le Boeing 737 MAX, également économe en carburant, affichera évidemment la même tendance avec la reprise mondiale de ses opérations et une plus grande représentativité dans la flotte mondiale, au fur et à mesure de l’accélération de ses livraisons. Pour rappel, les appareils de la famille A320neo affichent une réduction de 15% en consommation de carburant par rapport aux A320ceo.
IBA peut ainsi également classer l’efficacité des compagnies aériennes en termes d’émissions carbone en fonction de leur flotte en 2021. Selon IBA InsightIQ Carbon Emissions Calculator, les cinq compagnies aériennes les plus efficientes au monde sont toutes d’importants opérateurs d’Airbus A320neo et ont toutes adopté le modèle low-cost (avions à configuration très dense). Il s’agit, dans l’ordre, de Frontier Airlines, de Wizz Air, de Volaris, de Spirit Airlines et d’IndiGo. Le cabinet de conseils IBA précise que ces compagnies opèrent toutes environ 20% plus efficacement par siège et par km que la moyenne des 50 premières compagnies aériennes en termes d’émissions totales de CO2 en 2021.
Un classement analogue peut également être compilé chez les loueurs, favorisant ceux qui disposent d’un portefeuille composé de monocouloirs de nouvelle génération qui contribuent ainsi de manière significative à une réduction de CO2 par siège et par km. Les loueurs les plus performants en termes d’émissions sont ainsi Bank of America Leasing & Capital LLC, FPG Amentum, Jackson Square Aviation, AVIC Leasing et AMCK Aviation. Ces cinq loueurs affichent des niveaux d’efficacité de leur portefeuille généralement supérieurs de 10 % à la moyenne des 50 principaux bailleurs en termes d’émissions carbone. Selon IBA, le loueur américain Jackson Square Aviation devrait rester dans les premières positions de ce classement encore un certain temps, avec sa cinquantaine d’A320neo en service et ses quelque 30 737 MAX 8 en commandes.