C’est un pas de géant pour l’industrie spatiale taïwanaise. Formosat-5, le premier satellite intégralement conçu à Taïwan, sous la responsabilité de l’agence spatiale NSPO (National Space Organisation) a été mis en orbite le 25 août dernier par le lanceur Falcon 9 de SpaceX depuis la base aérienne de Vandenberg (Californie). Nous avons rencontré Shiann-Jeng Yu, le Directeur général adjoint du NSPO lors du salon TADTE qui s’est tenu à Taipei quelques jours seulement avant le lancement du satellite taïwanais, l’occasion de revenir sur les ambitions spatiales de la République de Chine.
Shiann-Jeng Yu nous explique que le programme Formosat-5 a démarré en 2009 pour un coût global de 3,5 milliards de dollars taïwanais (98 millions d’euros). Le NSPO a intégralement produit ce satellite et en est le propriétaire, même si il accueille aussi une charge scientifique développée par la National Central University, l’ « Advanced Ionospheric Probe » (AIP). Formosat-5 est un satellite d’observation de la Terre équipé d’un instrument de télédétection embarqué (RSI) pouvant fournir des images d’une résolution de 2 mètres en panchromatique et de 4 mètres en multispectral. Il affiche une masse de 450 kg.
Formosat-5 a été placé sur une orbite héliosynchrone à 720km d’altitude permettant un temps de revisite de 2 jours. Sa durée de vie nominale est de 5 ans. Shiann-Jeng Yu nous a indiqué que le coût du lancement avait été de 23 millions de dollars. Il nous a également précisé le satellite n’avait pas intéressé le Ministère de la Défense nationale compte tenu de la résolution du capteur.
Mais Shiann-Jeng Yu nous annonce déjà que la prochaine étape est désormais la mise en orbite des six premiers satellites Formosat-7 par le nouveau lanceur Falcon Heavy au cours de l’année prochaine. Évidemment, la date de lancement n’est pas encore finalisée, tant elle dépendra du succès du très attendu premier tir du nouveau lanceur lourd de SpaceX à Cap Canaveral, toujours programmé pour le mois de novembre.
Ces nouveaux satellites sont le fruit de la coopération entre le NSPO et l’agence américaine NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration). C’est d’ailleurs la NOAA qui a été décisionnaire sur le choix du lanceur. La constellation Formosat-7, qui comptera à terme 12 satellites, a notamment pour but de remplacer progressivement les 6 microsatellites expérimentaux de la génération Formosat-3 qui seront alors arrivés au terme de leur vie. Le programme Formosat-3 a déjà permis de générer près de 86 téraoctets de données pour déterminer les profils verticaux de l’atmosphère et de l’ionosphère à des fins de prévisions météorologiques, par exemple pour prédire les trajectoires des typhons.
Mais Shiann-Jeng Yu nous annonce aussi que le NSPO est déjà en train de plancher sur de nouveaux satellites d’observation dotés d’une résolution plus importante, d’une capacité RSO (Radar à Synthèse d’Ouverture) et d’une masse inférieure à 450 kg. Un autre projet comprenant deux satellites de 200 kg est également à l’étude. Leur dénomination n’a pas encore été décidée.
Les préparatifs de Formosat-5 avant sa mise sous coiffe en juillet. Image © Copyright NSPO