Le remplacement du Tornado en Allemagne est une question lancinante depuis plusieurs années. Alors que leur fin de vie – prévue à partir de 2025 – se rapproche à grand pas, Annegret Kramp-Karrenbauer a décidé de trancher. Le 21 avril, la ministre fédérale de la Défense a annoncé la sélection d’un tandem Eurofighter Typhoon – Boeing F/A-18 Super Hornet pour succéder à l’avion de combat multirôle. Elle confirme ainsi une option qui se précisait depuis quelques semaines, au détriment du F-35 notamment. Ce choix sera proposé à la commission de la défense du Bundestag dès ce 22 avril. Le Parlement allemand sera le décisionnaire final comme pour toute question d’armement dans le pays.
Le ministère de la Défense s’est prononcé pour l’achat de 93 Typhoon au consortium Eurofighter et de 45 F/A-18 Super Hornet à Boeing pour remplacer les 85 Tornado encore en service dans la Luftwaffe. Entrés en service dans les années 1980, ces derniers se déclinent en deux versions : IDS pour les missions d’attaque au sol et ECR pour la guerre électronique.
Le choix de l’Eurofighter semble évident. Il constitue déjà l’avion de combat de base de la Luftwaffe avec 140 appareils. Si elle est confirmée, cette commande donnerait de l’air aux chaînes de production du consortium – et notamment à Airbus Defense & Space en Allemagne – qui avait été obligée de baisser de rythme en 2017 pour préserver ses capacités dans le temps.
Le choix du F/A-18 l’est moins et se fait au détriment d’une hypothétique préférence européenne. L’appareil américain s’impose néanmoins comme une solution intermédiaire idoine en attendant la concrétisation à l’horizon 2040 du programme SCAF, dans lequel l’Allemagne s’est engagée aux côtés de la France, puis de l’Espagne. Le Super Hornet doit ainsi garantir le maintien de capacités air-sol et de guerre électronique, dont certaines échappent à l’Eurofighter. Des F/A-18G Growler pourraient ainsi se glisser dans la commande aux côtés des F/A-18E (monoplaces) ou F/A-18F (biplaces).
La sélection de l’avion de Boeing facilitera aussi le maintien de la politique de partage nucléaire de l’OTAN, avec l’emport de bombes nucléaires B61 estampillées US sur des avions allemands. Cette mission est dévolue aux Tornado, alors que ni le Super Hornet, ni l’Eurofighter n’y sont aptes pour l’instant. La qualification de cet armement sur l’appareil américain nécessitera du travail, mais devrait plus aisée à mener que sur l’avion européen pour des raisons principalement diplomatiques.
Enfin les F/A-18E/F sont entrés en service au début des années 2000. Ils apparaissent ainsi comme plus matures, donc plus fiables, et moins chers que le F-35. Ils sont sans doute aussi plus en ligne avec les concepts d’emploi de la Luftwaffe, qui n’a pas vraiment vocation à entrer en premier sur un théâtre d’opérations. De quoi assurer sereinement la transition jusqu’au SCAF.