Le vol inaugural du premier des deux membres de la famille A330neo d’Airbus le 19 octobre à Toulouse a aussi été l’occasion pour Patrick Du Ché, le directeur des essais en vol d’Airbus d’aborder en détail l’intense programme qui attend l’A330-900, la livraison du premier exemplaire à la compagnie portugaise TAP étant programmée d’ici un peu moins d’un an.
Deux appareils participeront aux essais en vol et à la certification de l’A330-900 attendue à la mi-2018. MSN 1795, l’avion qui a réalisé le premier vol du 19 octobre, mais aussi MSN 1813, quasiment prêt lui aussi et qui devrait voler « d’ici un mois ».
Les deux prototypes réaliseront un total de 1100 heures d’essais en vol avant la certification du -900 mais ils seront aussi épaulés par le premier appareil de série, MSN 1819, qui sera quant à lui doté d’une cabine complète et d’une instrumentalisation d’essais légère pour valider l’installation de la nouvelle cabine Airspace. Ce dernier appareil portera d’ailleurs directement la livrée de TAP, la compagnie à laquelle il sera livré un peu plus tard.
Comme l’explique Patrick Du Ché, les essais des deux prototypes de l’A330-900 s’articulent autour de cinq domaines principaux. Il s’agit d’abord de vérifier les qualités de vol de l’appareil, dans une phase initiale au départ (exploration du domaine de vol, loi de pilotage basique) puis dans une phase plus poussée.
Ce n’est qu’après que commencera réellement la campagne de certification de l’appareil. Viendront la refonte de la documentation avion (AFM), nouvelle motorisation et améliorations sur la cellule et la voilure obligent, puis une phase liée aux mesures de bruit au décollage et à l’atterrissage puis la campagne moteurs (Power Management certification cycle). Patrick Du Ché explique que de nombreux d’essais seront d’ailleurs dédiés à la nouvelle motorisation vis-à-vis des organismes de certification. Il en sera de même pour l’Autoland, qui représentera aussi une partie importante des essais.
Le directeur des essais en vol d’Airbus a aussi expliqué que l’avionneur avait « dérisqué » la campagne d’essais en vol en amont. Des essais en vol avaient en effet été menés bien avant le vol inaugural de MSN 1795, avec 130 heures d’essais en vol déjà réalisées par l’A330-200 MSN 871 entre le quatrième trimestre 2015 et le deuxième trimestre de cette année.
Ces essais ont par exemple permis de vérifier que les phénomènes de givrage sur la voilure n’auraient aucun impact grâce aux protections apportées par les différentes lois de pilotage des commandes de vol. Ces essais en amont ont aussi permis de tester des éléments de la cabine Airspace pour savoir comment elle se comporterait en vol.
Évidemment, chaque appareil dispose d’un programme d’essais qui lui est propre. MSN 1795, qui réalisera 600 heures d’essai, est principalement en charge des qualités de vol, des essais moteurs (il participera par exemple aux essais par temps froid), aux mesures de bruit et à l’Autoland. MSN 1813 réalisera quant à lui 500 heures d’essai liées aux performances, au givrage, les essais à haute altitude et très certainement à La Paz (Bolivie) pour les performances et l’Autoland ainsi que la campagne de route proving.
Quant à l’A330-800, un seul prototype sera nécessaire à sa certification l’année prochaine pour seulement 300 heures d’essai en vol prévues.