L’heure n’est plus à l’optimisme pour le programme A380. Ne pouvant ignorer plus longtemps la faiblesse des ventes, Airbus a annoncé le 12 juillet qu’il avait pris la décision de réduire drastiquement les cadences de production du Super Jumbo, avec l’objectif de n’en livrer qu’un par mois en 2018.
La production va donc tomber à douze appareils par an, contre 27 en 2015. Le nombre de livraisons devrait se maintenir en 2016 – quatorze appareils ont été livrés au 30 juin – mais Airbus fera des efforts renouvelés de réduction des coûts sur le programme pour le maintenir à l’équilibre avec vingt livraisons en 2017 et moins par la suite.
A ce jour, 126 A380 restent à livrer, dont près de la moitié pour Emirates. Aux cadences actuelles, cela représente quatre ans et demi de production. Le total des commandes s’élève à 319 avions.
« Avec cette décision prudente et proactive, nous définissons un nouveau planning industriel, qui s’adapte à la demande actuelle mais nous laisse la possibilité de saisir les opportunités sur les futurs marchés de l’A380 que nous considérons comme acquis, vu la croissance continue de la demande et la congestion des aéroports », a expliqué Fabrice Brégier, le président d’Airbus.
L’avionneur estime en effet qu’il existe 55 mégapoles aujourd’hui dont 47 ont déjà des limitations de capacités et de croissance. Ce nombre devrait passer à 93 en 2035. Seules 38 d’entre elles sont desservies par l’A380 pour le moment.
Mais ce potentiel se réalisera plus tard. C’est également l’analyse qu’en a faite Boeing, même si l’avionneur américain estime que l’avenir de son 747-8 réside davantage dans le marché cargo. Il a pris la décision au début de l’année, de réduire ses cadences de production à six 747 par an, avec le même objectif de prolonger la durée de vie du programme jusqu’à ce que le marché reprenne. Le carnet de commandes du 747 se tarissait progressivement et ne comptait plus que 21 appareils à livrer (dix 747-8I et onze 747-8F) jusqu’à la confirmation de la commande de Volga-Dnepr le 12 juillet.