Si certaines tendances de trafic sont favorables au développement de petits modules, le marché des jets légers reste donc handicapé par sa faible rentabilité et l’abondance de l’occasion. En revanche, la situation pourrait se montrer plus intéressante pour les constructeurs de turbopropulseurs. Malgré des creux (2009, 2010) et des pics (2013), les constructeurs arrivent à maintenir un niveau de livraisons compris entre 525 et 600 appareils par an. Non seulement le marché n’avait jamais atteint de résultats comparables avant 2008, mais il apparaît également comme plus stable que celui des jets. Enfin, la valeur moyenne des appareils se maintient autour de 3 M$.
Le marché pourrait bien connaître un nouvel essor dans les prochaines années, avec l’approbation par l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) du transport commercial de passagers sur des appareils monoturbines – ce qui correspond essentiellement à des monoturbopropulseurs. Cette décision a été officialisée en mars dernier et fait le bonheur du constructeur suisse Pilatus et du français Daher avec son TBM.
Même si les effets prendront encore quelque temps pour se faire sentir réellement, plusieurs acteurs se montrent néanmoins déjà confiants sur les retombées à venir. Très actif au niveau national comme européen pour faire passer ce changement de réglementation, Daher estime que cela devrait se ressentir dans ses ventes même si le mouvement d’acceptation de la part des passagers prendra encore du temps.
Oliver King, directeur général d’Avinode, y voit aussi un relais de croissance qui devrait se concrétiser dans les trois ans. Le marché européen – où le transport charter est plus important que la propriété entière ou fractionnée – pourrait d’ailleurs être particulièrement réceptif à cette évolution.
Les constructeurs montrent enfin un certain dynamisme. S’il s’appuie toujours sur la même cellule, Daher multiplie les versions de son TBM : le TBM 900, lancé en 2014, a laissé sa place au TBM 910 en avril dernier, tandis que le TBM 930 a fait son apparition en 2016. Cessna (Textron Aviation) entend bien faire bouger quelques lignes à partir de 2019 avec son Denali, équipé d’un moteur de nouvelle génération : l’Advanced Turboprop (ATP) de GE Aviation. C’est pourtant l’inoxydable PC-12 de Pilatus qui continue de dominer le marché.