Au vu de ses résultats 2017, Boeing se porte bien. Dennis Muilenburg, le P-DG du géant américain, n’a pas hésité à afficher sa satisfaction devant les chiffres publiés le 31 janvier : « Dans l’ensemble de Boeing, nos équipes ont réalisé une année record de performance financière et opérationnelle en se concentrant sur l’exécution disciplinée des programmes de production et de développement, sur la croissance des services et sur la création de valeur pour les clients ». Une certaine nuance est à apporter au vu du léger recul de l’activité, mais Boeing a connu une véritable explosion de sa rentabilité.
Concurrencé par Airbus sur le civil ou par Lockheed Martin sur le militaire, le groupe américain a donc vu ses revenus reculer de 1 % en 2017 par rapport à l’année précédente. Ils atteignent tout de même la modique somme de 93,4 milliards de dollars. Ce recul est aussi bien à mettre à l’actif de la branche Commercial Airplanes, que celle Defense, Space & Security (à périmètre équivalent). Seule Boeing Global Services – division créée en 2017 avec le regroupement des activités de soutien et de services à destination des clients civils et militaires – est en croissance. Boeing suit ainsi une tendance qui se retrouve assez généralement dans l’industrie.
Côté rentabilité, la marge opérationnelle du groupe a bondi de 4,8 points pour atteindre 11 %. Cela donne un résultat opérationnel positif de 10,3 milliards de dollars, qui double presque par rapport à 2016 (+76 %). La croissance du résultat net est légèrement inférieure, mais reste exceptionnelle (+67 %). Boeing publie ainsi un bénéfice net de 8,2 milliards de dollars. Enfin, il a dégagé plus de 13,3 milliards de dollars de flux de trésorerie de ses activités opérationnelles.
Pour l’année 2018, Boeing table sur une reprise de sa croissance, dans une fourchette comprise entre 2 et 4 %. Le géant vise ainsi un chiffre d’affaires compris entre 96 et 98 milliards de dollars. Pour ce qui est des bénéfices opérationnels par action et des flux de trésorerie issus des activités opérationnelles, Boeing estime que leur croissance sera de l’ordre de 12 %.
Les avions commerciaux mènent toujours la danse
Dans le détail, les avions commerciaux restent de loin la principale activité du groupe avec 60 % du chiffre d’affaires. Les revenus de la division atteignent ainsi 56,7 milliards de dollars. Ils ont notamment été portés par le record de 763 livraisons réalisées en 2017. Pourtant, ils accusent une baisse de 2 % par rapport à 2016.
Cette situation en apparence contradictoire s’explique par le mix entre appareils moyen-courriers et long-courriers – dont la valeur est plus importante – plus défavorable que l’année précédente. Les 737 ont représenté près de 70 % des livraisons en 2017, contre 66 %. Bien que la différence soit faible – et légèrement atténuée par l’arrivée des premiers 737 MAX, un peu plus chers – son impact est significatif. De même, la livraison de quinze 777 de moins qu’en 2016 se fait sentir.
Boeing Commercial Airplanes va donc devoir se méfier de l’impact de l’arrêt de la production du 747, de la fin proche du 767 civil, et de la transition entre le 777 actuel et le 777X, sous peine de voir son chiffre d’affaires reculer à nouveau dans les prochaines années.
Quoi qu’il en soit, la division compense largement ce déficit par un bénéfice opérationnel de 5,4 milliards de dollars. C’est près de trois fois plus qu’en 2016 (+172 %). De fait, sa marge opérationnelle s’accroit fortement (+6,2 points), pour atteindre 9,6 %. Enfin, elle peut compter sur 5 864 commandes fermes en backlog, soit 421 milliards de dollars de revenus potentiels.
Pour 2018, Boeing va continuer à miser sur son volume de livraisons. Le constructeur vise une fourchette de 810 à 815 avions produits sur l’année, soit une croissance d’environ 6 %. Il ne prévoit par contre qu’une augmentation de 2,5 à 4 % de son chiffre d’affaires, avec une fourchette comprise entre 59,5 et 60,5 milliards de dollars, ce qui confirmerait la tendance constatée en 2017. La rentabilité devrait par contre continuer d’augmenter avec une marge opérationnelle de l’ordre de 11 %.
La défense suit le mouvement
Le chiffre d’affaires de la division Defense, Space & Security se monte à 21,1 milliards de dollars pour l’année 2017, avec un revenu opérationnel à 2,2 milliards de dollars, en hausse de 13% par rapport à 2016. Le backlog est quant à lui estimé à 49,58 milliards de dollars. Les dépenses de R&D se sont élevées à 834 millions de dollars.
Pour l’année 2018, Boeing table sur un chiffre d’affaires compris entre 21,5 et 22,5 milliards de dollars. Parmi les défis à relever, la conduite du programme KC-46A, la première livraison à l’US Air Force étant attendue pour le second semestre 2018.
Les services changent de rythme
Si elle est la plus jeune des trois divisions, avec à peine six mois d’existence, Boeing Global Services n’est pas timide. Certes, elle n’a encore fait qu’agglomérer des activités déjà présentes dans les deux autres branches, mais sa dynamique est certaine. Son chiffre d’affaires progresse de 5 % par rapport à ce qui pouvait se faire en 2016. Il se situe à 14,6 milliards de dollars. La marge opérationnelle reste stable (-0,2 %), à un niveau élevé de 15,4 %. Le résultat opérationnel croît donc quasiment dans les mêmes proportions que les revenus à 2,3 milliards de dollars (+4 %).
La mise en place d’une véritable structure par Boeing devrait favoriser le développement de cette activité de soutien et de services aux clients dans les prochaines années. Aidée par la dynamique actuelle du marché de l’après-vente, Boeing Global Services devrait donc continuer à croître pendant quelque temps. Le groupe table ainsi sur une hausse de son chiffre d’affaires située entre 3 et 6 %, avec une marge opérationnelle stable.