PresSense a volé. Le pneumatique connecté de Michelin et Safran Landing Systems a effectué son premier vol d’essai sur un Falcon 2000S de Dassault Aviation à Istres le 13 juin dernier, monté sur un atterrisseur principal.
« Ce premier vol est un succès car suite au vol et à tous les essais de freinage, la fonctionnalité du capteur a été complètement opérationnelle, avec une lecture parfaite des paramètres », a annoncé Jean-Paul Alary, le président de Safran Landing Systems au salon du Bourget.
Frank Moreau, le directeur de la Ligne Business Avion de Michelin a rappelé que les recherches sur PresSense avaient commencé au début de l’année 2017. L’idée était d’introduire un capteur électronique permettant de recueillir à la fois l’identification du pneumatique, la mesure de la pression et la température afin de simplifier les opérations de maintenance en ligne. « Nous avons alors réuni nos équipes pour tirer parti de toutes les compétences et de l’historique de nos deux groupes », explique Frank Moreau.
De la taille d’une petite pièce de monnaie, le capteur est noyé dans un patch qui est collé dans la gomme intérieure du pneumatique, à proximité de la bande de roulement. Ce patch a également une fonction d’équilibrage. Les données du capteur sont alors recueillies instantanément à proximité du pneumatique grâce à un lecteur spécifique qui active alors la carte électronique, s’affranchissant ainsi de la traditionnelle intervention manuelle avec manomètre.
Pour Jean-Paul Alary, ce premier vol est un jalon important qui vient conclure deux ans et demi de travail commun. « Nous tenons désormais la configuration qui nous permettra de terminer les développements pour une entrée en service rapide ». Il précise aussi que d’autres étapes importantes vont venir d’ici le début de l’année prochaine, avec d’autres plateformes avion et avec l’ambition d’une mise en service en 2020.
Michelin et Safran Landing Systems mise clairement ici sur l’aviation commerciale avec Airbus et Boeing en ligne de mire, ainsi que sur l’aviation d’affaires, mais Franck Moreau pense aussi à de possibles applications militaires pour PresSense, par exemple pour faciliter la prise de décision des pilotes d’un avion de transport devant redécoller d’un théâtre d’opération lorsqu’il existe un doute sur la pression des pneumatiques.
Franck Moreau souligne aussi le fait que certaines compagnies aériennes, en particulier en Asie font beaucoup voler leurs appareils, ce qui implique que les mesures de pression quotidiennes de leurs pneumatiques leur font perdre un temps non négligeable au niveau des opérations.
Jean-Paul Alary explique qu’il faut entre deux et trois heures pour avoir accès à une pression stabilisée dans le cas des mesures traditionnelles, « une durée que PresSense peut diviser au moins par deux ». « L’enjeu c’est de trouver le bon équilibre entre la fiabilité de la mesure et sa rapidité », précise-t-il, avec les problématiques des conditions climatiques et du type de freinage entrant aussi dans l’équation.
Concernant le lecteur qui doit être utilisé pour la prise de mesure, l’équipe de développement de la solution annonce qu’une liste de lecteurs RFID sera préconisée aux compagnies aériennes. Les données seront ensuite accessibles à partir d’une application sur smartphone avec la possibilité de les transférer aussi vers un portail. « Nous pouvons aussi imaginer que ces données puissent être envoyées aux systèmes de maintenance des compagnies aériennes et venir ainsi alimenter leurs algorithmes d’analyses de données », a précisé Jean-Paul Alary.
Photo © Safran Landing Systems