Alors que sa situation financière reste compliquée, Bombardier a dévoilé une bonne nouvelle le 2 novembre, à l’occasion de la présentation de ses résultats pour le 3ème trimestre 2017. L’avionneur canadien a annoncé avoir reçu une lettre d’intention (LoI) d’un client européen pour le CSeries. C’est une première depuis près d’un an pour l’avion régional.
Le nom et la nature du client n’ont pas été dévoilés par Alain Bellemare, PDG du groupe Bombardier. Selon la LoI, il souhaiterait passer une commande ferme pour 31 appareils, assortie d’options pour 30 avions supplémentaires. Bombardier a annoncé que le montant potentiel de la commande était de 2,4 Md$ pour les appareils fermes, et de 4,8 Md$ si toutes les options étaient exercées. Le modèle choisi n’a pas été annoncé, mais il s’agirait du CS100 si on se réfère à son prix catalogue, qui est de 79,5 M$. Le CS300, plus grand, est évalué à 89,5 M$. La confirmation de cette LoI est prévue d’ici la fin de l’année selon Bombardier.
Il est encore trop tôt pour y voir une influence réelle de la prise de contrôle du programme par Airbus, qui ne sera finalisée qu’au second semestre 2018. L’arrivée du constructeur européen a néanmoins pu rassurer le futur client sur la pérennité à long terme du programme.
Il faut dire que le CSeries a pour l’instant du mal à convaincre avec plusieurs handicaps : un positionnement sur un segment nouveau entre le régional et le moyen-courrier, une concurrence commerciale intense de la part de Boeing et, jusqu’il y a peu, d’Airbus, un développement coûteux (5,4 Md$) qui menace la survie de Bombardier, et enfin, c’est plus gros appareil commercial jamais construit par Bombardier, entièrement nouveau, avec d’importantes innovations.
Sur ce dernier point, d’aucuns pensaient que les entrées en service du CS100 en juillet 2016, et du CS300 en décembre de la même année, convaincraient les clients de la fiabilité de l’avion et permettraient de débloquer les commandes. Mais depuis, seuls deux avions ont été vendus au gouvernement tanzanien, tandis qu’Ilyushin Finance Co. (IFC) a réduit sa commande de 32 à 20 appareils.
Si cette commande européenne se confirme, le carnet de commandes du CSeries atteindrait alors 391 appareils fermes. Jusque-là parent pauvre du programme, le CS100 compterait alors 154 commandes fermes et comblerait un peu de son écart avec le CS300.
Côté financier, le chiffre d’affaires du groupe Bombardier est de 11,5Md$ pour les neufs premiers mois de l’année. C’est un recul de 4 % par rapport à la même période en 2016. Cela vient des branches Avions d’affaires, avec une politique de baisse des cadences de livraisons à 135 appareils sur l’année, et Avions commerciaux. Le groupe accuse aussi une perte nette de 444 M$ sur les trois derniers trimestres, ce qui est tout de même bien mieux que celle de 722 M$ pour la même période en 2016.