N’en déplaise aux sceptiques, Russes et Chinois réaffirment leur volonté de construire un avion long-courrier en commun. Les constructeurs UAC (United Aircraft Corporation of Russia) et Comac (Commercial Aircraft Corporation of China) ont officialisé, le 22 mai, la création d’une coentreprise pour mener à bien leur projet. Sobrement baptisée Craic (China-Russia Commercial Aircraft International), elle sera en charge aussi bien de la conception, de la production que de la commercialisation du futur bimoteur bi-couloir long-courrier.
Les deux partenaires concrétisent ainsi un processus lancé il y a près d’un an, avec la signature du contrat pour établir la coentreprise. Une période de consultation et de négociations s’était alors ouverte pour établir le partage industriel et les principes de coopération. Elle a visiblement réussi. Craic est désormais officiellement une entreprise, immatriculée à Shanghai. Elle sera dirigée par un directoire (quatre Chinois et quatre Russes), chapeauté par un conseil de surveillance. La première présidence revient à Vladislav E. Masalov, vice-président d’UAC tandis que Guo Bozhi, président adjoint de Comac en charge des programmes d’avions larges, devient directeur général.
Le partage industriel n’a pas été dévoilé, si ce n’est que l’assemblage final se fera à Shanghai. Craic va désormais devoir sélectionner les sous-traitants qui participeront au projet. Malgré la nature étatique de Comac et UAC, leur choix se fera selon les règles du marché avec des processus d’appels d’offres. La nouvelle structure encourage néanmoins les candidats russes et chinois à opérer des rapprochements et à considérer des investissements localisés.
Objectif de performances
Le futur appareil, parfois surnommé C929, sera dessiné pour pouvoir transporter 280 passagers avec une configuration en trois classes. L’autonomie visée est de 12 000 km. Il viendra ainsi concurrencer l’Airbus A330ceo puis neo ou encore le Boeing 787. Pour l’instant, seule une maquette a été dévoilée lors du salon de Zhuhai, début novembre 2016. Elle était à nouveau présente lors de la cérémonie du 22 mai. Ses formes, notamment sa voilure, rappellent certains choix faits par Airbus pour l’A350. L’appareil doit voler en 2022, en vue d’une entrée en service en 2025.
Reste à savoir si Russes et Chinois auront la capacité de mener un tel projet sans apports des industriels occidentaux, notamment pour l’avionique ou les moteurs. Comac peine à développer son moyen-courrier C919 – sans parler de l’ARJ21, conçu avant tout pour essuyer les plâtres. De leur côté, UAC tente de rattraper le retard accumulé depuis les années 1990. Le constructeur développe ainsi le MC-21, qui prépare difficilement son premier vol. Il va néanmoins pouvoir s’appuyer sur les recherches faites dans le cadre de « Samolet 2020 » (Avion 2020 en russe). Ce projet visait la mise en service d’un appareil de 300 places, optimisé pour le transport à bas coût, en 2025.
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