C’est à croire qu’on ne peut pas faire de restructuration sans casser des jobs. Rolls-Royce vient ainsi d’annoncer, le 14 juin, le lancement d’une deuxième étape à son grand plan de réorganisation entamé en janvier dernier. Alors qu’il s’agissait jusque-là de simplifier l’organisation avec le passage de cinq à trois divisions d’affaires, le groupe britannique annonce désormais la suppression de 4 600 emplois. Une décision qui contraste avec les bons résultats annuels publiés en mars dernier. L’objectif est d’atteindre une réduction des coûts annuelle de 400 millions de livres sterling d’ici fin 2020.
Rolls-Royce ne veut visiblement pas perdre de temps. Pas moins d’un tiers des 4 600 emplois sera supprimé dès cette année. Le pic de départs devrait arriver en 2019 et l’objectif être atteint mi-2020. Les fonctions institutionnelles et de soutien seront les plus touchées par ces réductions d’effectifs. Celles-ci étant principalement situées au Royaume-Uni, les salariés britanniques sont donc en première ligne.
La production devrait par contre être relativement épargnée. Rolls-Royce a ainsi affirmé qu’il tiendrait ses engagements en termes de livraisons à ses clients, et que la restructuration n’affecterait en aucun cas les compétences et les capacités nécessaires à la bonne tenue de ses programmes actuels. L’accord de préservation de l’emploi pendant cinq ans sur les sites aéronautiques de Derby, Hucknall et Annesley, conclu il y a tout juste un an avec les syndicats, n’est pas non plus remis en cause.
La montée en cadence prévue pour les moteurs civils, avec notamment les Trent XWB, 1000 et 7000, devrait donc se poursuivre avec un objectif de 600 moteurs d’avions long-courrier produits par an d’ici 2020.
Nouvelle organisation
Avec ce dégraissage, Rolls-Royce veut mettre en place « des fonctions institutionnelles et de soutien plus petites et plus rentables et réduira les niveaux de gestion et la complexité, y compris au sein de l’ingénierie. » Il espère ainsi gagner en agilité et en productivité.
C’est du moins l’objectif de Warren East, directeur général du groupe : « Nous nous tournons maintenant vers la réduction de la complexité qui nous ralentit souvent et mène au dédoublement des efforts. Il n’est jamais facile de réduire nos effectifs, mais nous devons créer une organisation commerciale qui soit aussi reconnue mondialement que nos technologies. Pour ce faire, nous sommes en train de changer fondamentalement notre façon de travailler. »
Cela fait suite à la réorganisation des grandes divisions d’affaires. Depuis janvier, Rolls-Royce ne compte plus ainsi que trois branches principales : Civil Aerospace, Defence, qui a absorbé la division Naval Marine and Nuclear Submarines, et Power Systems qui intègre désormais la filière Civil Nuclear.
Amélioration financière
L’ensemble de cette restructuration coûtera environ 500 millions de livres sterling au groupe, « ce qui comprend le coût des licenciements et des investissements nécessaires dans les systèmes pour faciliter le programme. » La dépense sera répartie entre 2018 et 2020. Elle sera compensée par une économie de 400 millions de livres sterling par an réalisée sur les coûts de fonctionnement du groupe. Ce chiffre doit être atteint d’ici à la fin de 2020.
Warren East espère ainsi améliorer fortement la rentabilité du groupe. Il estime que « ces changements aideront à atteindre un niveau de flux de trésorerie disponible à moyen et long terme bien au-delà de notre ambition à court terme, qui est d’environ 1 milliard de livres sterling d’ici 2020. »
Pour rappel, après une année 2016 historiquement mauvaise, Rolls-Royce a présenté des résultats en forte hausse pour 2017. Son chiffre d’affaires a ainsi atteint 16,3 milliards de livres sterling (+ 9 %) pour un résultat avant impôts à nouveau positif à 4,9 milliards de livres sterling. Les prévisions 2018, moins optimistes que 2017, restent inchangées.