« Boeing a travaillé avec diligence pendant plus de deux ans pour finaliser sa transaction avec Embraer. Au cours des derniers mois, nous avons eu des négociations productives, mais finalement infructueuses sur les conditions du MTA non satisfaites » a annoncé Marc Allen, Senior Vice-Président de Boeing et Président d’Embraer Partnership & Group Operations dans un communiqué. Et de poursuivre : « C’est profondément décevant. Mais nous avons atteint un point où la poursuite des négociations dans le cadre du MTA ne résoudra pas les problèmes en suspens ».
L’avionneur de São José dos Campos a immédiatement riposté en déclarant que Boeing avait « fabriqué de fausses allégations comme prétexte pour tenter de ne pas respecter ses engagements de conclure la transaction et payer à Embraer le prix d’achat de 4,2 milliards de dollars. »
Embraer entend aussi utiliser tous les moyens possibles contre Boeing pour les dommages subis suite à la « résiliation abusive de Boeing et de la violation du MTA ».
Boeing et Embraer avaient défini les grandes lignes de leur rapprochement stratégique en décembre 2018, un accord qui devait conduire à la création de deux coentreprises, l’une tournée vers l’aviation commerciale, l’autre dans l’aéronautique de défense.
La première, dont Boeing devait détenir une participation de 80%, visait toute l’activité Avions Commerciaux d’Embraer (E-Jet E2) ainsi que les services après-vente. Baptisée « Boeing Brasil – Commercial », cette entité se voulait une sorte de réponse à la reprise effective du programme CSeries de Bombardier par Airbus le 1er juillet 2018, désormais famille A220.
La seconde coentreprise, qui devait quant à elle être détenue à 51% par l’avionneur brésilien, devait pour sa part soutenir le développement commercial du biréacteur de transport militaire KC-390/C-390 Millenium.
Ces projets avaient reçu l’approbation inconditionnelle de toutes les autorités réglementaires nécessaires à leur mise en place, à l’exception de celle de Commission européenne dont la décision était attendue le 7 août prochain.
Le rapprochement lié aux avions commerciaux était condamné depuis quelques mois
Il n’en reste pas moins que nonobstant la raison officielle avancée par Boeing pour mettre un terme au projet de rapprochement entre les deux avionneurs, la création de Boeing Brasil – Commercial semblait condamnée depuis déjà quelques mois et notamment avec la crise du 737 MAX.
Les synergies potentielles entre la famille E2 et la famille 737 MAX étaient loin d’être évidentes aux yeux du marché et les perspectives commerciales de la nouvelle génération d’E-Jets n’ont peut être pas suffisamment convaincus Boeing au regard des quelque 4,2 milliards de dollars à investir, et alors que son activité Avions Commerciaux est tout particulièrement impactée par la crise liée à la pandémie de coronavirus faute de pouvoir livrer un seul monocouloir. Boeing Commercial Aircraft (BCA) envisage d’ailleurs de supprimer jusqu’à 10% de ses effectifs pour traverser la crise.
Embraer pense d’ailleurs que « Boeing s’est engagée dans un schéma systématique de retards et de violations répétées du MTA, en raison de sa réticence à conclure la transaction compte tenu de sa propre situation financière, du 737 MAX, et d’autres problèmes commerciaux et de réputation. »
Selon Boeing, les deux avionneurs prévoient toutefois de continuer à coopérer dans la défense et notamment sur le programme KC-390/C-390 Millenium, en maintenant leur accord existant, signé en 2012 et prolongé en 2016, mais sans fournir plus de détail.