Rolls-Royce avait beau avoir anticipé, avec l’annonce de ce montant dès novembre, cela reste douloureux. Cette charge exceptionnelle due au Trent 1000 fait lourdement basculer ses comptes dans le rouge. Si elle n’explique pas tout, elle est la principale raison du déficit opérationnel publié de -852 millions d’euros. Cela avait déjà été le cas en 2018, avec une charge de 790 millions de livres, pour un déficit 1,2 milliard.
Cette charge exceptionnelle est due aux nombreux problèmes rencontrés sur les différentes variantes du Trent 1000 (package B et C et TEN), qui ont conduit à de nombreuses immobilisations de Boeing 787 à travers le monde depuis 2017. Elle comprend les coûts supplémentaires liés à la perturbation pour les compagnies clientes et aux visites en atelier pour intégrer les correctifs, mais aussi l’impact d’éventuelles pertes de contrats futurs.
Les coûts effectifs pour les Trent 1000 en service se sont ainsi montés à 578 millions de livres en 2019. L’exercice en cours ne sera pas épargné non plus. Rolls-Royce table déjà une fourchette comprise entre 450 et 550 millions de livres pour 2020. En tout, le motoriste maintient sa prévision d’un impact négatif total de 2,4 milliards de livres sur la période 2017-2023.
Progrès à venir
Warren East, PDG du groupe, se veut pourtant rassurant : « Nous avons encore progressé sur le Trent 1000 ; les coûts effectifs sont conformes aux orientations. Nous maintenons notre objectif de réduire le nombre d’avions au sol à un seul chiffre d’ici la fin du deuxième trimestre 2020. »
Les progrès évoqués par Warren East concernent la conception et l’intégration de nouvelles aubes de turbine haute pression (HP) améliorées pour le Trent 1000 TEN, dernier point noir du programme. Sans entrer dans les détails, il parle « de bons progrès dans la conception de cette aube » réalisés depuis novembre dernier et confirme prévoir une certification au premier semestre 2021.
Il faut tout de même rappeler que ce nouveau design ne permettra pas d’atteindre la durabilité initialement souhaitée lors du développement du moteur, ce qui a obligé Rolls-Royce à revoir à la baisse ses attentes financières et opérationnelles pour le moteur.