Les mauvaises langues diront qu’Aerion est plus doué pour trouver des partenaires que pour concevoir un avion. Après GE Aviation, c’est au tour de Lockheed Martin de rejoindre le projet d’avion d’affaires supersonique AS2. Le groupe américain de défense a signé un protocole d’entente (MoU) le 15 décembre, avec la start-up de quinze ans. Cet accord doit poser les bases d’un développement commun de l’AS2, avec une coopération sur l’ingénierie – avec la contribution des équipes des Skunk Works -, la certification et la production du triréacteur supersonique. Le cadre définitif du partenariat doit être arrêté dans les douze prochains mois.
Avec ce MoU, Aerion achève sa ré-américanisation. L’arrivée de Lockheed Martin sonne le glas de la collaboration avec le groupe Airbus, entamée en 2014. « Nous sommes reconnaissants de la contribution d’Airbus au programme », a déclaré Brian Barents, président exécutif d’Aerion. « Nous n’aurions pas pu faire avancer le programme jusqu’à ce stade sans leur soutien. » Le groupe européen a notamment contribué à la conception préliminaire de la voilure et des aérostructures, à la configuration des systèmes ainsi qu’au travail initial sur le système de commandes de vol électriques.
Pour rappel, le motoriste britannique Rolls-Royce était encore pressenti en début d’année pour participer au programme. Aerion a préféré sélectionner GE Aviation en mai 2017.
En attendant, le concept de l’AS2 évolue. Deux des trois moteurs de 18 000 livres de poussée unitaire sont désormais disposés sous les ailes, avec une position relativement avancée par rapport au bord d’attaque. Le haut de la nacelle est intégré dans la structure de la voilure. L’avion doit ainsi voler à Mach 1,4 avec une autonomie de 4 200 nm (7 780 km). L’AS2 est censé voler en 2023, pour une entrée en service dès 2025.
Il y a tout juste trois ans, Aerion annonçait un rayon d’action de 4 750 nm (8 800 km) à Mach 1,6. Le premier vol était espéré en 2019 pour une certification en 2021. De là à dire qu’en 2020, le constructeur présentera un avion subsonique avec 3 000 nm d’autonomie qui volera en 2030…