Bombardier et Mitsubishi Heavy Industries ont toutes deux confirmé les informations révélées par Air Current le 5 juin. Les deux industriels sont en discussion au sujet du CRJ. Le programme de jets régionaux canadiens pourrait être repris par le groupe japonais, une transaction qui signerait, si elle se réalisait, le départ définitif de Bombardier du segment de l’aviation commerciale.
Ce type de discussions était à prévoir, Bombardier ayant coup sur coup revendu son programme CSeries à Airbus (partiellement) et son programme Q400 à Longview Aviation (Viking). Il ne lui restait plus que le CRJ dans son portefeuille d’avions commerciaux et il avait déjà indiqué qu’il allait « explorer toutes les options stratégiques pour le programme ». En parallèle, l’avionneur avait annoncé la vente de ses activités Aérostructures hors du continent américain.
Selon Air Current, un accord pourrait être annoncé dès le salon du Bourget – qui se tient du 17 au 23 juin. Bombardier et Mitsubishi tempèrent toutefois : aucune décision n’a encore été prise. « Avant la conclusion de tout accord, un examen approfondi et une analyse sont requis, ainsi que l’approbation éventuelle du conseil d’administration de Bombardier. Mitsubishi Heavy Industries, Ltd. doit également mener à bien son processus de vérification préalable et son propre processus d’analyse et d’approbation, indépendants de la volonté de Bombardier. Rien ne garantit que de telles discussions aboutiront finalement à un accord », détaille Bombardier.
Mitsubishi Heavy Industries travaille actuellement, via sa filiale Mitsubishi Aircraft Corporation, sur le MRJ, concurrent frontal du CRJ (et de l’Embraer E2) dont la certification a pris sept ans de retard, notamment en raison d’une mauvaise conception des harnais électriques. Mitsubishi et Bombardier se sont d’ailleurs opposés devant la justice, l’avionneur canadien accusant son concurrent de vol de secrets commerciaux liés à la certification des CSeries et du Global 7000.
En parallèle, Mitsubishi Aircraft avait jusqu’alors le soutien de Boeing dans la conception et la certification du MRJ – ce qui explique en partie que l’essentiel de la flotte d’essais soit basé à Moses Lake et qu’un bureau ait été ouvert aux Etats-Unis. Mais le rapprochement de l’avionneur américain avec Embraer dans l’aviation commerciale pourrait lui faire perdre ce soutien à moyen terme.
Le MRJ90 est le premier appareil attendu et sera de nouveau présenté au Bourget cette année. Mitsubishi Aircraft travaille également sur le MRJ70, une version plus courte qui, selon le Nikkei, aurait été retravaillée, pourrait être rebaptisée SpaceJet pour avoir une portée mondiale et avoir davantage recours à des pièces produites aux Etats-Unis.