Bombardier n’est plus qu’à un an et demi de l’arrêt de ses activités de production dans l’aviation commerciale. L’avionneur a annoncé le 25 juin qu’une entente définitive avait été conclue avec Mitsubishi Heavy Industries (MHI), prévoyant la reprise du programme CRJ par l’industriel japonais. L’acquisition se fera pour un montant de 550 millions de dollars et prévoit que MHI assume également 200 millions de dettes de l’avionneur canadien. La transaction est soumise à l’approbation des autorités et devrait être finalisée au premier semestre 2020.
La reprise du programme CRJ par MHI signe son arrêt de mort et abrège une lente agonie. Il n’est pas du tout dans les projets de l’industriel japonais de poursuivre la production, même s’il détiendra les certificats de type, et les deux partenaires annoncent son arrêt pour le second semestre 2020, lorsque les livraisons du carnet de commandes actuel auront été honorées – 51 CRJ 900 restaient à livrer au 31 mars. Bombardier conservera le site de production à Mirabel et continuera à fournir composants et pièces de rechange.
Comme il l’avait expliqué durant le salon du Bourget la semaine dernière, MHI est en revanche très intéressé par les activités de maintenance, de soutien, de remise à niveau, de marketing et de vente liées au CRJ, notamment le réseau de service et de soutien des installations de Montréal et Toronto au Canada et de Bridgeport et Tucson aux Etats-Unis. « Le rapprochement de MHI et Bombardier aurait beaucoup de sens », avait alors déclaré Hizakazu Mizutani, le CEO de Mitsubishi Aircraft Corporation, poursuivant : « cela nous donnerait un réseau de clients et de maintenance solide pour le SpaceJet, tout ce que nous travaillons actuellement à construire. »
L’avionneur japonais compte également tirer parti des ressources en ingénierie de Bombardier alors que le programme SpaceJet est en train d’être redéfini – le design du M100 (ex-MRJ70) est notamment retravaillé.
Quant à Bombardier, il vient désormais de faire le dernier pas qui lui restait pour sortir de l’aviation commerciale, après la vente du programme CSeries à Airbus et du programme Q400 à Longview Aviation Capital.
En revanche, avec l’arrêt du CRJ prévu pour la fin de 2020 et l’entrée en service du M100 qui ne pourra pas intervenir avant 2023 au mieux, Mitsubishi se prive temporairement d’une proposition face à l’ERJ175-E1 d’Embraer, qui sera le seul jet régional respectant les limitations de la scope clause américaine, donc capable de répondre aux besoins de remplacement les plus urgents des compagnies aux Etats-Unis.
Dans ses perspectives, présentées au Bourget, MHI estime à 5 137 appareils le marché des jets régionaux sur vingt ans, 39% des appareils étant dédiés au marché nord-américain. Sur ce marché, 1 800 appareils sont en service aujourd’hui, dont 1 100 de plus de douze ans.