Même si le calendrier potentiel de Boeing pour son NMA semble glisser un petit peu, Rolls-Royce estime qu’il reste trop serré pour lui. Le motoriste britannique a annoncé le 28 février qu’il renonçait à proposer un moteur pour le New Midsize Airplane américain et se retirait de la compétition. Il considère ne pas être en mesure de proposer une plateforme avec une maturité suffisante pour satisfaire les ambitions de Boeing et ses propres exigences tout en respectant le calendrier actuel proposé.
Rolls-Royce travaille depuis plusieurs années sur les nouvelles technologies (développement et réduction des risques) pour les futurs grands programmes de moteurs avec l’UltraFan mais « il doit subir un régime d’essais rigoureux avant de l’offrir à nos clients, ce qui, à notre avis, ne peut être réalisé dans les délais prévus par le NMA », explique Chris Cholerton, président de la division Civil Aerospace de Rolls-Royce. La nouvelle architecture du coeur du moteur a commencé ses tests sur le démonstrateur Advance3, ainsi que la boîte de transmission et, tout récemment, le système de soufflante en composites.
« C’est la bonne décision pour Rolls-Royce et la meilleure approche pour Boeing. Tenir les promesses que nous avons faites à nos clients est vital pour nous et nous ne voulons pas promettre de soutenir la nouvelle plate-forme de Boeing si nous n’avons pas toute confiance que nous pouvons respecter leur calendrier », souligne également Chris Cholerton.
Des charges exceptionnelles pour les Trent 900 et 1000 pèsent sur les résultats
La satisfaction de ses clients est bien la priorité du motoriste en ce moment, lui qui a travaillé d’arrache-pied toute l’année à résoudre les problèmes de ses Trent 1000 et a dû inscrire une charge exceptionnelle de 922,76 millions d’euros à ses comptes à cause du programme (en grande partie pour indemniser les opérateurs des 787 qui ont dû être immobilisés – 34 appareils étaient au sol à la fin de l’année). Malgré tout, des progrès ont été réalisés, notamment avec la certification du standard package C et le passage à un régime d’inspection plus léger.
Une autre charge exceptionnelle de 217,3 millions d’euros est venue s’ajouter, liée à l’arrêt du programme A380 en 2021, décidé par Airbus le 14 février.
La division Civil Aerospace a enregistré un chiffre d’affaires en hausse de 12% à 8,86 milliards d’euros, avec 686 moteurs livrés (contre 683 en 2017). La perte opérationnelle a été réduite et se situe à 189,22 millions d’euros. Rolls-Royce reconnaît que 2018 a été une année calme en termes de prises de commandes mais que les contrats seraient plus nombreux dans les années à venir avec l’arrivée d’un cycle de remplacement. La réduction à venir des AOG dans la flotte de 787 devrait permettre à la division de s’approcher de l’équilibre en 2019.
Le résultat des activités Défense est stable et devrait le rester en 2019.
Au niveau du groupe, le chiffre d’affaires est en croissance de 7% à 18,37 milliards d’euros mais les éléments exceptionnels (dus aux programmes et à la restructuration) ont provoqué une perte opérationnelle de 1,35 milliard d’euros.