Rolls-Royce a raté le coche d’une semaine. Alors que le salon Heli-Expo s’est largement tenu sous le signe de l’eVTOL, le motoriste britannique a attendu le 14 mars pour présenter les avancées de son programme de démonstrateur de turbine hybride-électrique, développé à partir de sa turbine thermique M250. Il vient en effet d’achever une première série d’essais au sol, qui doit conduire à un premier vol du système en 2021. Celui-ci aura possiblement lieu sur son projet d’eVTOL (véhicule électrique à décollage et atterrissage verticaux), présenté lors du salon de Farnborough 2018.
Ces essais se sont déroulés aux États-Unis, dans les installations de Rolls-Royce à Indianapolis (Indiana) où les différents éléments avaient déjà été testés séparément. Le motoriste a ainsi pu analyser le comportement de son M250 dans des conditions reproduisant les phases de décollage et d’atterrissage, de vol en croisière, ou encore de roulage. Il a aussi pu expérimenter trois configurations de fonctionnements différents : hybride avec un montage en série, hybride avec un montage en parallèle et turbo-électrique.
Dans le premier cas, le moteur sert de turbogénérateur pour alimenter des batteries. Ce sont elles qui ensuite livrent la puissance nécessaire pour actionner un moteur électrique et le reste des systèmes. Dans le deuxième, la puissance est fournie par la combinaison de la turbine, avec une poussée mécanique, et du système électrique. Des batteries assurent le fonctionnement des autres systèmes. Enfin, dans le dernier mode, la turbine fonctionne comme un turbogénérateur qui alimente directement le moteur électrique et les autres systèmes de l’avion.
Basée sur la turbine thermique d’hélicoptère M250, ce système hybride peut développer une puissance comprise entre 500 kW et 1 MW. Rolls-Royce envisage des applications sur différents types d’aéronefs, qu’il s’agisse d’avions généraux, d’eVTOL ou d’hélicoptères, d’une masse maximale au décollage de deux tonnes pour des missions pouvant aller jusqu’à 1 600 km.
Ce développement s’inscrit dans la stratégie de Rolls-Royce de devenir le « champion de l’électrification ». Déjà avancée sur les motorisations de trains et de navires, elle s’étend désormais à l’aéronautique. Outre la version hybride du M250, le motoriste travaille sur le projet d’E-Fan X avec Airbus et Siemens. Il consiste à remplacer l’un des moteurs d’un BAe 146 par un système hybride de 2,5 MW, développé à partir d’un turbopropulseur AE 2100, qui alimentera un moteur électrique fourni par Siemens.