Même si personne ne l’a invité à le faire, Rolls-Royce a tiré le premier au Singapore Airshow 2018. Le motoriste britannique n’a même pas attendu l’ouverture officielle du salon (du 6 au 11 février) pour présenter sa vision IntelligentEngine, dès le 5 février. Il s’agit d’aligner au mieux le produit et les services pour toutes les étapes de la vie d’un moteur, grâce notamment à l’utilisation accrue du numérique.
« C’est presque un aussi important changement que le passage des moteurs à pistons aux turbines à gaz » s’enthousiasme Richard Goodhead, vice-président principal Marketing pour l’Aéronautique civile de Rolls-Royce. Il est rejoint par Dominic Horwood, directeur Clients et Services pour l’Aéronautique civile : « Nous sommes déterminés à inventer la puissance qui compte pour nos clients et notre vision d’IntelligentEngine nous permettra de le faire. »
Dans les faits, pour Rolls-Royce, il s’agit d’aller au-delà de l’utilisation du numérique dans la conception, la production et la maintenance d’un moteur, et de créer un écosystème de moteurs connectés. Ils seraient ainsi capables de communiquer avec d’autres moteurs en service, avec son « écosystème de soutien » et avec la compagnie qui l’opère, afin de créer entre eux un échange d’informations régulier et bidirectionnel.
De même, Rolls-Royce veut que ses moteurs soient « conscients » de leur environnement extérieur – météorologie, conditions de vol, spécificités opérationnelles et besoin de l’opérateur. Ils doivent ensuite être à même de le prendre en compte sans intervention humaine.
Enfin, IntelligentEngine doit aboutir à la conception de moteurs « compréhensifs », sur le principe de l’apprentissage automatique (« machine learning »). Ils seraient ainsi capables d’apprendre non seulement de leurs propres expériences passées, mais aussi de celles des autres moteurs, afin d’ajuster leur comportement et d’atteindre une performance optimisée.
Le motoriste britannique espère ainsi mettre au point des moteurs plus fiables et plus efficaces que les standards actuels. Cela comprend aussi bien les performances pures du moteur, que son soutien.
« L’IntelligentEngine n’est pas un moteur en particulier, explique Richard Goodhead. C’est un concept applicable à tous nos moteurs, certains rétrospectivement et assurément ceux en cours d’avancement. Tout est ouvert concernant les nouvelles technologies, car elles peuvent changer le produit, permettre d’offrir un service ou de concevoir un produit en créant un jumeau digital. Nous allons appliquer ce concept sur tout ce que nous faisons avancer. Pour nos clients, cela signifie que nous pouvons atteindre ce dont ils ont besoin. »
Le « hub d’accélération pour l’innovation à partir de la donnée » R2 Data Labs, lancé en décembre 2017, sera au coeur de ce futur développement. Rolls-Royce compte sur ses compétences en analyse, intelligence artificielle ou en machine learning pour développer des applications de données à même de débloquer les verrous technologiques pour atteindre la vision promise par IntelligentEngine.