Le directeur commercial d’Airbus était particulièrement en forme lors de la grande conférence de l’avionneur à Singapour. Pour John Leahy, il y a en effet un « gros trou » dans la gamme de son concurrent Boeing au niveau des appareils de milieu de marché (MoM – Middle of the Market), c’est-à-dire le segment des appareils de 220 et 240 places, en témoigne cette capture d’un des slides plutôt humoristique. C’est notamment le marché que vise Boeing dans le cadre du remplacement du 757.
Selon John Leahy, son concurrent est un peu coincé aujourd’hui, compte tenu du coût élevé d’un programme entièrement nouveau qui ne serait justifié que par une nouvelle famille, de l’ordre de 10 à 12 milliards de dollars, et qui de toute façon serait positionné face à la famille A320neo. « Je pense que nous allons voir beaucoup de présentations du MoM durant les deux prochaines années » a-t-il déclaré.
L’augmentation de la capacité de l’A321neo à jusqu’à 240 sièges ainsi que le lancement de la version à rayon d’action accru (A321LR) permet en effet de remplir les toutes dernières missions encore non accessibles par l’A321 face au 757-200 équipé des winglets d’Aviation Partners, mais avec un important gain en consommation de carburant. Des rumeurs de presse étaient apparues en janvier mentionnant un projet d’allongement du 737 MAX 9 avec une nouvelle voilure.
Les débats sur le MoM avaient repris ensuite à la veille de l’ouverture du salon de Singapour, Pratt & Whitney déclarant être intéressé par la motorisation d’un hypothétique MoM de Boeing à partir d’une variante de sa famille PurePower. On sait aussi que CFM International, filiale de Snecma et de GE, est par définition intéressé dans l’hypothèse où un tel réacteur serait compatible avec sa gamme de poussée. Il en va de même de Rolls-Royce qui rêve de revenir sur ce segment, ayant eu une part importante au niveau de la motorisation du 757.
Scott Fancher, Senior Vice-President de Boeing Commercial Aircraft en charge du développement des programmes a cependant voulu calmer le jeu durant une conférence à Singapour. « Pour l’instant nous étudions le marché, nous voulons un vrai business case ». Il a également ajouté que Boeing regardait un large spectre de configurations compte tenu du large spectre du marché étudié. « Je n’ai cependant pas dit que l’une des options était de ne rien faire » a-t-il conclu.