Le pari est gagné pour Bertrand Piccard et André Borschberg. Les deux pilotes ont réussi à prouver qu’il était possible de réaliser un tour du monde sans utiliser une seule goutte de kérosène à bord d’un avion solaire et « d’accomplir des choses incroyables avec des énergies propres ». Bertrand Piccard a en effet ramené Solar Impulse 2 (Si2) à Abou Dhabi le 26 juillet, quelques minutes après minuit.
Au total, Si2 aura parcouru plus de 42 000 km en 558 heures de vol et traversé deux océans. Une performance destinée à éduquer la population mondiale et promouvoir l’utilisation des énergies propres. Et l’aviation n’est pas le seul domaine visé par le projet Solar Impulse. « Toutes ces technologies peuvent être utilisées aujourd’hui dans d’autres applications pour rendre notre monde plus durable », explique André Borschberg.
Abou Dhabi avait été le point de départ de l’aventure. André Borschberg avait décollé de la capitale des Emirats Arabes Unis le 9 mars 2015 pour ce qui semble un saut de puce jusqu’à Mascate mais représentait tout de même treize heures de vol. La première étape d’un tour du monde prévoyant 35 000 km et seize escales.
Bien sûr, les impondérables inhérents à toute aventure sont venus remettre en question le programme établi, comme les conditions météo difficiles qui ont retardé l’avion solaire en Chine (à Chongqing), l’ont forcé à faire une escale imprévue au Japon puis ont privé la France d’un atterrissage au Bourget au profit de Séville ou, plus grave, la surchauffe des batteries durant le plus long vol du Si2 qui a nécessité leur remplacement (et l’installation d’un système de refroidissement) et bloqué l’appareil durant neuf mois à Hawaii.
Mais les accomplissements n’en restent pas moins impressionnants. Les deux pilotes se sont relayés à chaque étape pour réaliser de très longs vols en solitaire dans des conditions difficiles – le cockpit de 3,8 m3 n’étant ni chauffé ni pressurisé – ne dormant que sur les plus longues étapes (de trois à cinq jours) par tranche de vingt minutes. Le plus long vol, réalisé par André Borschberg, a duré cinq jours et cinq nuits (presque 118 heures) entre Nagoya et Hawaii.
« Solar Impulse n’a pas été construit pour transporter des passagers mais pour transmettre des messages. Nous voulons démontrer l’importance d’avoir un esprit pionnier pour encourager les gens à remettre en question ce qu’ils ont toujours tenu pour acquis. Le monde a besoin de trouver de nouvelles façons d’améliorer la qualité de vie. Les technologies propres et les formes renouvelables d’énergie font partie de la solution », a toujours expliqué Bertrand Piccard. Le message est passé.